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 d’ADHEOS

Pour la première fois au festival de la BD de Saint-Denis, l’association LGBT-BD présente sa revue éponyme, qui entend donner sa place à une communauté certes minoritaire mais néanmoins sous-représentée dans le 9e art. On en parle avec Soizick Jaffré, auteure et militante.
 
C’est vrai, il existe bien quelques BD "grand public" qui parlent des homos. Magasin Général de Loisel et Tripp, Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, Djinn de Dufaux et Miralles pour ne citer que des ouvrages ayant vraiment cartonné. Mais force est de constater qu’on ne va pas croiser un couple de filles, de garçon ou un transgenre à tous les coins de cases. "C’est vrai que nous sommes minoritaires, peut-être 10 % de la population, mais on est représentés à moins d’1% dans la BD" constate Soizick Jaffré, prof d’anglais, militante de la cause LGBT et auteure de BD. Membre de l’association LGBT-BD créée en 2008 par Jean-Paul Jennequin, elle tient pour la première fois au festival Cyclone BD un stand présentant leur revue éponyme. "Une revue A4 de qualité, qui aborde la thématique LGBT, mais pas seulement" explique "Swaz", qui travaille pour diverses publications en France et en Amérique du Nord. "Faire de la BD LGBT, il y a bien sûr un côté militant, pour promouvoir la visibilité de personnes qui souhaitent juste voir leur bonheur reconnu dans la banalité du quotidien, mais c’est aussi un besoin de faire émerger des artistes, proposer un tremplin à des dessinateurs, des bloggeurs qui ne trouveront pas forcément d’éditeur", précise la dessinatrice au style baroque et coloré, moi-même, je n’aborde pas que des questions sur l’homosexualité, même si je vais moins hésiter à dessiner un couple d’hommes ou de femmes dans une histoire. Le but n’est pas d’être communautariste ou restrictif."
 
"La BD manque d’histoires racontées par ceux qui les vivent"
 
Présente depuis dix ans au festival d’Angoulême, l’association a vu évoluer les comportements à son égard. "Au début, il a pu y avoir une certaine distance, voire une hostilité. Mais tout cela a évolué et le stand a un certain succès, d’autres exposants nous rejoignent", se souvient celle qui a collaboré aux Chroniques Mauves, manifeste BD lesbien paru en 2012 et aujourd’hui épuisé. "On sent qu’il y a de moins en moins de réticences, on voit plus de personnages LGBT dans la BD aujourd’hui, même chez les super-héros, mais ça manque encore d’histoires racontées par des gens qui les vivent, dans la réalité", explique la jeune femme qui aimerait "pouvoir marcher en couple dans la rue sans se soucier de sa sécurité."
 
"Il y a aussi des auteurs hétéros qui contribuent chez nous."
 
La BD gay a déjà ses hérauts comme l’Allemand Ralph Koenig, les Américains Howard Cruse et Alsion Bechdel ou le mangaka japonais Gengoroh Tagame -tous traduits en France- ou, du côté de chez nous Nawak, CAB ou CLX. "Mais il y a aussi des auteurs hétéros qui contribuent chez nous", précise Soizick Jaffré, heureuse d’avoir été invitée à la Réunion et d’y tenir une conférence sur le sujet jeudi soir à l’IAE de Saint-Denis. "Ce qui fait plaisir, c’est que de plus en plus de gens qui ne partagent pas nos orientations sexuelles viennent nous voir pour nous soutenir", conclut l’auteure. "C’est sûr qu’il y a encore un tabou, mais quand c’est montré et assumé, ça peut faire du bien."