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 d’ADHEOS

Grandeur et misère de la démocratie directe à la californienne : les élus de l’Etat vont devoir officialiser une proposition de référendum qui préconise non seulement d’interdire la sodomie, mais aussi d’exécuter les homosexuels.
 
Le texte appelé « loi pour interdire la sodomie » a été présenté par un avocat du nom de Matthew McLaughlin, inscrit au barreau de l’Etat. Il vise à changer le code pénal de Californie pour inscrire l’homosexualité au nombre des crimes passibles de la peine capitale. Cela au nom de la « colère » divine à laquelle sont exposés, selon son auteur, le reste des citoyens. Sa proposition stipule ainsi :
 
« Considérant qu’il est préférable que les contrevenants périssent plutôt que de voir le reste d’entre nous encourir la juste colère de Dieu du fait de notre tolérance insensée envers le mal qui se répand parmi nous, le peuple de Californie, craignant Dieu, recommande dans sa sagesse que toute personne qui touche en conscience une autre personne du même sexe aux fins de gratification sexuelle, soit mise à mort par balles dans la tête ou tout autre méthode plus pratique. »
 
Selon les juristes, les autorités de Californie — Etat où le recours aux référendums populaires est consubstantiel de la conception de la démocratie — n’ont pas qualité pour empêcher le processus de se poursuivre. La seule marge de manœuvre de l’attorney general (« procureur général »), Mme Kamala Harris, est de désigner le texte par un nom de son choix et d’en présenter un résumé. Cela, bien que la proposition contienne explicitement un appel au meurtre. Le texte prévoit en effet que, dans le cas où l’Etat se refuse à appliquer la mesure, le public est habilité à faire justice lui-même sans encourir de poursuites. L’étape suivante est la collection de signatures.
 
Il en faut 365 000, dans un délai de cent quatre-vingts jours pour que le texte soit soumis aux électeurs en novembre 2016, un seuil qui rend le succès de l’entreprise hautement improbable. Dans un Etat où les juges ont déclaré non constitutionnelle l’interdiction du mariage homosexuel, votée par une majorité des électeurs (proposition 8), la proposition de M. McLaughlin pourrait avoir surtout pour résultat d’encourager les opposants au système d’initiative populaire.
 
« Seuil de comportement raisonnable »
 
Ceux-là estiment que le seuil de 200 dollars, qui a permis à des idées de toutes sortes d’être soumises au public (l’interdiction du divorce, l’enseignement obligatoire de cantiques de Noël, la criminalisation des mensonges de campagne électorale, mais aussi dès 1996 la légalisation de la marijuana médicale, etc.) n’est pas assez dissuasif. Deux élus ont déjà proposé de le porter à 8 000 dollars. « Nous vivons en Californie, le berceau de la démocratie directe, a justifié l’un d’eux, le démocrate Richard Bloom. Mais nous avons aussi besoin d’un seuil de comportement raisonnable. »
 
Le Los Angeles Times n’a pas réussi à localiser Matthew McLaughlin. Mais l’avocat aurait déjà fait parler de lui il y a une dizaine d’années lorsqu’il réclamait que la Bible soit enseignée dans les écoles publiques (au titre de l’exceptionnelle richesse de son vocabulaire).
 
Une pétition lancée le 20 mars sur Change.org pour réclamer sa radiation du barreau a déjà recueilli 32 000 signatures. « Du point de vue de la liberté d’expression, c’est une discussion intéressante, a estimé Carol Dahmen, l’instigatrice de la pétition. Mais ici, il s’agit d’un avocat, et qui lance un appel au meurtre ! » Les associations lesbiennes, gays, bisexuelles et trans (ou LGBT) ont prévenu quant à elles que quiconque apporterait son soutien à l’entreprise de M. McLaughlin verrait son nom entouré d’une large et universelle publicité.