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 d’ADHEOS

Banderole anti-LGBT, cris de singe et polémique autour d’un stade arc-en-ciel: entre le comportement de certains supporters hongrois et un gouvernement qui refuse de faire profil bas, la Hongrie dérange à l’Euro.
 
Dès l’ouverture de la compétition à Budapest, le 15 juin, alors qu’une marée rouge de fans déferlait sur la ville, le Parlement semait les graines de la discorde en votant une loi interdisant la "promotion" de l’homosexualité auprès des mineurs. Une semaine plus tard, le sujet occupe tous les débats après l’initiative avortée de la ville de Munich de pavoiser son stade aux couleurs symbole des minorités sexuelles, à l’occasion du match Allemagne-Hongrie mercredi.
 
Si le refus de l’UEFA au nom de la "neutralité" a suscité un tollé un peu partout en Europe, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a, lui, salué une victoire du "bon sens". Il avait jugé la veille "extrêmement dangereux de mélanger sports et politique", tandis que le porte-parole du gouvernement, Zoltan Kovacs, fustigeait une "Orbanophobie sans limites".
 
A l’inverse, le ministre français du Commerce extérieur Franck Riester, présent samedi à Budapest pour la rencontre France-Hongrie, a appelé à saisir l’occasion de tels événéments sportifs pour "rappeler notre engagement sans faille" envers "des droits que rien ne doit menacer". "On ne peut clairement pas fermer les yeux", a-t-il insisté.
 
"Hystérie"
 
Du côté des fans, on dénonce l’"hystérie" qui a saisi l’Allemagne, où plusieurs bâtiments et stades se pareront de couleurs arc-en-ciel. Et la "Brigade des Carpates", groupe d’ultras reconnaissables à leurs tee-shirts noirs, prévoit de débarquer "par milliers" à Munich, selon sa page Facebook. En Hongrie, cet épisode munichois laisse un goût amer.
 
Déjà, la ferveur avait été entamée par l’ouverture d’une enquête de l’UEFA sur de "potentiels incidents discriminatoires" lors des précédents matches. Contre le Portugal, des images vidéo semblaient montrer des spectateurs entonnant "Cristiano, homosexuel" à l’adresse du quintuple Ballon d’Or, Ronaldo, tandis qu’une banderole homophobe avait été signalée.
 
Des refrains du même acabit ont été entendus avant la rencontre face aux Bleus, puis dans le stade, des personnes ont fait état de cris de singe même s’ils étaient inaudibles par la grande majorité du public, selon des témoins interrogés par l’AFP. Ils fusaient depuis le bas des tribunes des ultras hongrois, noyés dans le grondement des 56.000 supporters de la Puskas Arena, seule enceinte pleine de l’Euro. Ils auraient notamment visé les stars Kylian Mbappé et Karim Benzema, ont rapporté des médias.
 
Liaisons dangereuses
 
En cas de confirmation, "j’espère que les personnes en question seront fortement sanctionnées", a réagi lundi le défenseur français Lucas Digne, disant lui-même ne "pas avoir entendu" de cris racistes.
 
Les fans hongrois s’étaient déjà fait remarquer à l’occasion d’un match de préparation à l’Euro, sifflant les joueurs irlandais qui avaient mis un genou à terre. L’homophobie ou le racisme n’est "pas pire" dans le football hongrois, assure pourtant le journaliste sportif Janos Kele. "Un petit mais bruyant groupe se trouve derrière les chants et les huées, mais la différence en Hongrie réside dans les liens entre les cercles gouvernementaux et les supporters", relève-t-il.
 
Le Premier ministre populiste Viktor Orban a ainsi volé à leur secours après les huées contre l’Irlande: il a qualifié de "provocation" le fait de s’agenouiller pour symboliser la lutte contre le racisme. Un tel geste "n’a pas sa place sur un terrain de sport", a asséné ce grand amateur du ballon rond, qui construit des stades à tour de bras et compte de nombreux proches parmi les patrons de clubs.
 
Autant d’incidents qui jettent une ombre sur les performances des Magyars, souligne Luca Dudits, porte-parole de Hatter Society, ONG de défense des droits LGBT en Hongrie. "Si vous allez au stade et que vous vous retrouvez entourés par une foule d’hommes majoritairement blancs se répandant en insultes, forcément nous autres nous sentons exclus", déplore cette militante.