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 d’ADHEOS

Bruxelles a présenté jeudi un plan destiné à lutter contre les discriminations et la haine envers les personnes LGBT et à renforcer les droits des couples homoparentaux, jugeant la situation "inquiétante" dans certains pays d’Europe comme la Pologne.
 
Les associations de défense des droits des LGBT se sont félicitées de cette initiative, la première de ce type, estimant que la Commission européenne "passait à la vitesse supérieure" dans une période de "régression". "Nous voyons des progrès dans certains Etats membres.
 
Par exemple beaucoup ont reconnu légalement les couples de même sexe", a déclaré la vice-présidente de la Commission, Vera Jourova (photo), lors d’une conférence de presse. "Mais nous voyons aussi des tendances inquiétantes", a-t-elle poursuivi, citant les zones déclarées "sans idéologie LGBT" dans certaines villes polonaises et les attaques contre des manifestants.
 
La Commission va proposer une reconnaissance mutuelle entre Etats membres des droits parentaux des couples de même sexe. "Ce n’est pas acceptable que votre enfant arrête d’être votre enfant quand vous traversez la frontière", a estimé Vera Jourova. Elle a indiqué que 21 Etats membres reconnaissaient une forme d’union entre personnes de même sexe, et qu’une partie seulement d’entre eux reconnaissait la possibilité d’adopter un enfant pour ces couples. Une législation européenne pour une reconnaissance mutuelle des droits parentaux nécessiterait toutefois l’unanimité des Etats membres.
 
L’exécutif européen veut aussi renforcer la lutte contre les discours et les crimes ou délits anti-LGBT, en proposant qu’ils soient prévus spécifiquement dans les traités. "Il faut que nous le fassions au niveau de l’UE car tous les Etats membres ne s’attaquent pas au problème de la haine croissante contre les personnes LGBT dans leur code pénal", a justifié Vera Jourova. Une telle inclusion pourrait ensuite déboucher sur une obligation pour les Etats membres de punir ces infractions.
 
La commissaire européenne à l’Egalité, Helena Dalli, a aussi condamné les "thérapies de conversion" qui visent à changer l’orientation sexuelle des personnes LGBT. "Personne n’a besoin d’être corrigé. Les pratiques de conversion doivent cesser", a-t-elle dit lors de la présentation de cette stratégie sur cinq ans.
 
"Historique"
 
La Commission a aussi indiqué "suivre" avec attention un projet en Hongrie du gouvernement de Viktor Orban visant à inscrire dans la constitution que "la mère est une femme, le père est un homme" et définir le sexe comme étant uniquement celui de la naissance. "Viktor Orban emploie des mesures sournoises et inacceptables pour décider d’une interdiction de fait sur l’adoption par les homosexuels, à un moment où toute manifestation est impossible", a dénoncé l’eurodéputée Kati Piri (S&D, socialistes et démocrates). Mais il n’est pas le seul, a-t-elle poursuivi, citant le projet du gouvernement estonien d’organiser un référendum en 2021 pour restreindre la définition du mariage dans la Constitution à une union entre un homme et une femme.
 
En Pologne, où la communauté gay est la cible de la droite conservatrice nationaliste au pouvoir et de l’Eglise catholique, les "zones sans idéologie LGBT" décrétées par plusieurs municipalités ont conduit la Commission européenne à refuser des subventions à ces communes. "Nous n’accepterons jamais ces zones, ce sont des zones sans humanité", a déclaré Helena Dalli.
 
Outre les groupes S&D et Verts au Parlement européen, l’eurodéputé Renew Pierre Karleskind a salué un texte "historique". " J’aurais souhaité une plus grande ambition" sur les "thérapies de conversion", a-t-il dit, " mais le fait que la Commission reconnaisse que ces pratiques ont de graves répercussions sur la santé physique et mentale des victimes, et souhaite une interdiction à terme, est une bonne chose ".
 
L’organisation ILGA-Europe, qui regroupe 600 associations LGBT de 54 pays, a dit son "impatience de travailler avec tous à la Commission et d’autres institutions de l’UE pour garantir que les ambitions de la stratégie se traduisent en changements réels". Selon une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2019, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se sont accrues dans l’UE: 43% des personnes LGBT disent se sentir discriminées, contre 37% en 2012.