Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution proclamant l’Union européenne "zone de liberté" pour les personnes LGBT, en réaction aux "zones sans idéologie LGBT" décidées par une centaine de collectivités locales polonaises.
Cette déclaration symbolique a été votée par 492 voix pour, 141 contre et 46 abstentions. La Commission européenne a apporté son soutien à l’initiative.
"Etre soi-même n’est pas une idéologie", avait tweeté mercredi la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen. "Vous êtes chez vous dans l’UE. L’UE est une zone de liberté LGBTIQ". Lors du débat mercredi, l’eurodéputée allemande Terry Reintke (Verts/ALE), coprésidente de l’intergroupe LGBT du Parlement européen qui portait cette résolution, avait souligné qu’elle constituait "une première étape". "Nous savons que nos vies sont encore en danger, nos droits restreints, notre liberté étouffée dans beaucoup trop d’endroits dans l’UE", a-t-elle dit, estimant que "la bataille était encore loin d’être finie".
Selon l’eurodéputé français Pierre Karleskind (Renew Europe), qui a initié la proposition, il s’agit d’envoyer un "message simple et fort". On a "le sentiment que l’UE a bien du mal à avoir une réponse un peu ferme", avait-il déclaré à l’AFP, qualifiant toutefois de "premier pas" la stratégie présentée en novembre par la Commission européenne pour lutter contre les discriminations à l’encontre des personnes LGBT. Il a salué notamment l’annonce d’une proposition de législation sur les droits des couples homoparentaux. "Comme nous le pouvons, le Parlement européen met la pression sur la Commission européenne et sur les Etats membres", a-t-il dit.
La proposition de résolution appelle la Commission à "utiliser tous les outils à sa disposition pour lutter contre les violations des droits fondamentaux" des personnes LGBT, citant les procédures d’infraction, les dispositions conditionnant le versement des fonds européens au respect de l’Etat de droit, ou encore la procédure de l’article 7.
La Pologne comme la Hongrie sont visées par ce mécanisme déclenché pour risque de "violation grave" des valeurs de l’UE, qui peut déboucher à terme sur une privation des droits de vote d’un Etat membre mais qui s’avère inefficace car il requiert l’unanimité des autres pays. Une centaine de collectivités en Pologne ont adopté depuis 2019 une résolution "anti-idéologie LGBT" ou une "charte des droits des familles". Elles représentent environ un tiers du territoire de la Pologne et sont situées principalement dans le sud-est et est du pays, traditionnellement très catholique.
Ces décisions ont conduit la Commission européennes à priver de subventions certaines de ces municipalités. Récemment, les tribunaux polonais ont annulé quelques-unes de ces résolutions, jugées contraires à la loi, et quelques communes sont elles-mêmes revenues sur leurs résolutions.
- SOURCE E LLICO