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 d’ADHEOS

Devant l’immobilisme du Congrès, Barack Obama prend finalement les choses en main pour mettre un terme aux LGBTphobies dans le monde du travail.
L’administration du président Barack Obama a décidé hier de faire accélérer le processus d’adoption de l’Employment Non-Discrimination Act (Enda) qui vise à offrir une protection aux employé.e.s LGBT, en formulant un décret présidentiel. Aux États-Unis, la législation de 29 États n’empêche pas de renvoyer ou de ne pas embaucher une personne gay, lesbienne ou bie. Concernant les personnes trans’, 32 États n’offrent là non plus aucune protection.
 
UN MILLION DE PERSONNES LGBT CONCERNÉES
Alors que l’Enda devait initialement passer par le Congrès, ce décret présidentiel va permettre d’étendre aux critères de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre les protections déjà existantes qui interdisent la discrimination au travail sur la base de la race, de la couleur de peau, de la religion, du sexe ou de l’origine. Une fois signé par le président, le décret interdira à toutes les entreprises sous contrat avec un État fédéral de discriminer les employé.e.s LGBT. Environ un million de personnes sont concernées à travers les cinquante États. La protection des LGBT sur leur lieu de travail bénéficie globalement d’un large soutien de la part de la population. En 2011, un sondage avait montré que neuf électeurs/trices sur dix croyaient qu’il existait déjà une loi fédérale interdisant toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle ou sur l’identité de genre au travail.
 
UNE AVANCÉE QUI S’EST FAITE ATTENDRE
En début d’année, Barack Obama n’avait pas mentionné le sujet de l’égalité au travail pour les personnes LGBT dans son discours. Un oubli que les associations avaient alors interprétées comme un recul de la part du président. En outre, un décret pour la protection des employé.e.s LGBT faisait partie des promesses de campagne du candidat démocrate en 2008, soit lors de sa première élection à la Maison blanche. Depuis, bien peu d’avancées ont été accomplies. En cause, les difficultés à faire avancer l’Enda au Congrès: si la loi a finalement été approuvée de justesse par le Sénat en novembre dernier, la Chambre des représentant.e.s majoritairement républicaine risquait soit de rejeter le texte, soit de le vider de sa substance à coups d’amendements. Face à cette impossibilité de faire progresser l’égalité de traitement dans le monde du travail, la Maison blanche a donc décidé d’aller de l’avant. «Le Sénat a fait passer l’Enda, mais il a calé devant la Chambre des représentant.e.s, analyse Richard Socarides, stratège démocrate et ancien conseiller de Bill Clinton sur les droits des LGBT. On peut dire qu’au mieux nous aurons un Congrès divisé pour au moins encore deux ans.
 
Par conséquent, l’Enda ne va nulle part et je pense que le président a été contraint d’agir et a montré beaucoup de courage en faisant cela.»
 
UN BON DÉBUT
Rea Carey, directrice exécutive de la National Gay and Lesbian Task Force a commenté cette formidable avancée dont vont pouvoir bénéficier de très nombreux/euses employé.e.s, tout en appelant à poursuivre le combat: «C’est un grand pas en avant dans la lutte pour la liberté et la justice pour les travailleurs/euses LGBTQ et leurs familles. Maintenant des millions de gens vont avoir la sécurité économique dont ils ont besoin pour subvenir à leurs besoins. A travers ses actions, le président a démontré une nouvelle fois son engagement pour mettre fin à la discrimination.
 
Nous remercions toutes les organisations qui ont travaillé si dur pour écrire l’histoire. Cette décision est bonne pour les LGBTQ, bonne pour l’économie et bonne pour l’Amérique. Malheureusement, beaucoup d’entre nous qui ne travaillons pas pour les instances fédérales continueront de ne pas avoir de protection sur leur lieu de travail. Maintenant nous devons redoubler d’efforts pour faire passer d’urgence des mesures d’état pour la protection du travail et une législation fédérale forte.»
 
Pour le moment, aucune date n’a été avancée pour la signature officielle du décret présidentiel, mais certain.e.s parlent déjà du 30 juin, jour où la Maison blanche accueillera la réception pour le mois de la fierté LGBT, célébré ce mois-ci aux États-Unis.