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 d’ADHEOS

Comme Catherine, elles sont nombreuses à bénéficier d’une PMA en Espagne car ici les délais sont trop longs. Hier, des médecins ont réclamé une nouvelle loi.
 
Filles ou garçons ? D’ici quelques jours, Catherine sera fixée grâce à l’échographie et se lancera dans la chasse aux prénoms, en attendant de voir la frimousse de ses jumeaux. « En juillet si tout va bien », sourit-elle.
 
A 43 ans, la future maman n’aurait pu espérer cette grossesse si elle n’avait pas fait le voyage en Espagne.
 
En deux séjours express dans une clinique de Barcelone, elle a pu y bénéficier d’une implantation, après fécondation in vitro des ovocytes d’une donneuse, dont elle sait juste qu’elle était âgée de 23 ans. « Je me suis lancée dans l’aventure après avoir lu le témoignage de mamans, puis être entrée en contact avec l’une d’elles… »
 
Comme Catherine, elles ont de 35 à 45 ans, se transmettent témoignages, adresses, conseils et contacts de gynécos français compréhensifs, qui prescrivent examens et traitements préalables, puis assurent le suivi de grossesse, à défaut d’avoir le droit de leur conseiller ouvertement le voyage.
 
Mariées ou pas, en couple hétérosexuel dans l’immense majorité des cas, en mal d’enfant mais confrontées à des problèmes d’infertilité ou d’âge, elles sont chaque année plusieurs centaines à franchir les frontières, le plus souvent pour l’Espagne. A condition de pouvoir s’offrir le voyage et payer une partie de l’opération de leur poche, elles pourront bénéficier d’une procréation médicalement assistée, grâce à un don d’ovocytes.
 
Un parcours qui reste bien trop long en France faute de donneuses. Malgré les campagnes, l’agence de biomédecine n’enregistrait en 2012 que 422 dons, alors que 2 110 couples sont en attente. « Cette ironie française, qui autorise les dons mais ne les favorise pas, faute de les rétribuer, laissant les femmes aller trouver la solution ailleurs, mais en connaissance de cause puisque c’est partiellement remboursé, ne peut plus durer ! »
 
Celui qui s’exclame ainsi, appelant ouvertement à une modification de la loi française, est un membre de l’Académie de médecine, assemblée scientifique dont on n’attend pas forcément des éclats révolutionnaires. Endocrinologue à l’hôpital Foch, Philippe Bouchard, y recevait hier, en compagnie de son confrère René Frydman, papa des premiers bébés éprouvettes français, et avec les honneurs, le médecin espagnol Antonio Pellicer.
 
Sommité mondiale dans le domaine de la fertilité, ce dernier s’est vu remettre le prix Sallat-Baroux, qui récompense des avancées de la recherche dans le domaine de la reproduction humaine. Un choix loin d’être anodin de la part de l’Académie de médecine, qui jette ainsi un pavé dans la mare de la bioéthique française. Si Antonio Pellicer est aujourd’hui aussi en pointe sur l’implantation embryonnaire, « c’est que la loi, très progressiste en Espagne, lui permet des recherches de pointe et d’avoir pu créer en 1990 un centre d’excellence en matière de fertilité et d’implantation, à Valence ». En vingt-cinq ans, ce seul réseau de 22 cliniques IVI-fertility a permis la naissance de 90 000 bébés.
 
765 Françaises y sont venues pour bénéficier d’un don d’ovocytes en 2014. Un nombre en constante augmentation depuis quatre ans.