NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Cette réaction très hostile à l’homoparentalité, lors du discours de la ministre de la Famille, pose à nouveau la question de l’insertion des homos dans les associations prétendant représenter les familles.
 
Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, était en déplacement samedi à Toulon afin de participer à l’assemblée générale de l’Union nationale des associations familiales de France (UNAF) – association partenaire phare des pouvoirs publics dans la définition de la politique familiale en France. Celle-ci a réservé un accueil très animé à la ministre.
 
Quelques minutes avant la prise de parole de Dominique Bertinotti, le président de l’UNAF s’exprimait, rapporte le journal Var Matin: «Le mariage et l’adoption par les couples de même sexe? Qui peut prétendre que cette réforme ne pose pas des questions vis-à-vis des enfants? Une famille, c’est l’institutionnalisation de la différence des sexes.» Et François Fondart de continuer: «l’adoption par un couple homosexuel est une mauvaise solution». La salle, convaincue, applaudit à tout rompre. Le ton est donné. C’est au tour de la Ministre de prendre la parole.
 
«Il n’y a pas de modèle familial, chacun invente le sien»
C’est dans ce contexte que Dominique Bertinotti se présente devant les membres de l’UNAF. Venue représenter le président de la République François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, la Ministre a défendu la proposition 31 du Président «d’ouvrir l’adoption et le mariage à tous les couples.» Une mesure selon elle, «d’égalité entre familles» qui implique «les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous» (discours intégral à retrouver ici).
 
En retour, c’est un véritable tollé du côté des membres de l’association. La prise de position de la ministre ne passe pas, des cris et des hués se font entendre. «Même Nadine Morano, qui était très “clivante”, ne s’était jamais fait huer comme ça» explique un habitué, toujours au journal varois.
 
Les LGBT toujours exclus de l’UNAF
Dominique Bertinotti a rappelé également en marge de son discours être la «ministre de toutes les familles» et qu’il ne fallait pas la voir «de façon réductrice». Refusant pour le moment de donner un calendrier pour la mise en application de la mesure 31 souhaitée par François Hollande, elle a indiqué qu’un «débat parlementaire aura lieu» sans apporter plus de précision.
 
L’UNAF, fédération non confessionnelle et apolitique, considère de son côté qu’une famille n’est et ne doit être qu’un homme et une femme. «Que ce couple soit marié ou non, avec des enfants, et qu’il s’agisse d’une famille recomposée ou pas.» Les familles homoparentales en sont donc exclues. Et ce, malgré les tentatives répétées des associations LGBT d’affiliation à l’UNAF.
 
«Surprenant et choquant»
L’Association des familles homoparentales (ADFH), dans un communiqué de presse publié hier sur son site, rappelle que ses demandes d’affiliation à l’UNAF de Paris ont toutes été rejetées depuis 2011. Motif invoqué: les familles homoparentales n’existent pas. «Faut-il rappeler que l’UNAF et les UDAF sont des institutions chargées de promouvoir, de défendre et de représenter les intérêts de toutes les familles auprès des pouvoirs publics? (…) L’UNAF est donc en contravention avec ses propres statuts et la mission que les pouvoirs publics lui réclame dorénavant» dénonce-t-elle. Avant d’ajouter que la ministre «enjoint clairement l’UNAF à prendre en considération toutes les familles, en application de l’art 3° de l’Art. L211-3 du Code de l’action sociale et des familles».
 
Contactée par TÊTU, Fathira Acherchour, porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), trouve «regrettable que les représentants de l’UNAF aient hué une ministre en fonction (…) C’est surprenant et choquant car il s’agit d’une ministre de la République en exercice.»
 
Un trio «papa, maman, enfant» désuet
Pour la militante, le discours tenu par le président de l’UNAF n’a rien de nouveau: «Il s’agit d’une simple “redite de 2011”, les propos tenus par l’actuel président de l’UNAF ayant déjà fait débat l’an dernier. Contrairement à l’ADFH, l’APGL ne pense pas que la ministre ait recadré l’UNAF: «Elle ne fait qu’impulser les grands changements de société, elle doit représenter la diversité sous toutes ses formes et rappelle ainsi les trois grands principes républicains: Liberté, Egalité, Fraternité. Ce qui pour l’UNAF se résume à: papa, maman, enfant: un trio désuet. Ce qui prouve que l’UNAF et son président souhaitent rester à une époque dépassée».
 
«Nous avons tenté deux ou trois fois de nous intégrer à l’UNAF, nous n’avons eu aucun dialogue, juste du mépris» rappelle la porte-parole de l’APGL, «pourtant, nous sommes en relation étroite avec la CNAFAL, un organisme laic qui est membre de l’UNAF mais plus ouverte sur les questions de familles homoparentales». L’APGL a cessé dépuis 2008-2009 de faire des demandes d’affiliation. Une situation qui risque de changer malgré la position très fermée de l’UNAF car d’après elle, «avec l’égalité pour tous, la reconnaissance des familles homoparentales sera de fait. L’APGL fera donc logiquement son entrée à l’UNAF».