Reconnue coupable d’avoir insulté et menacé de mort un couple d’hommes à la caisse d’un supermarché à Rueil-Malmaison, une jeune femme enceinte a été condamnée à 4 mois de prison avec sursis et 2.700 euros d’amende par le tribunal de grande instance de Nanterre.
C’était le 3 mars dernier. A la caisse d’un carrefour market de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), une altercation banale pour savoir qui devait passer en premier dégénère. Annaïs, la jeune femme, partie chercher du beurre, s’aperçoit en revenant qu’un couple d’hommes est passé devant alors qu’elle avait laissé ses articles sur le tapis. Elle les bouscule et repasse devant, s’en suit un déluge d’insultes homophobes et des menaces de mort. "Sales pédés, tarlouzes, pédales, des mecs comme vous, en Algérie, on les égorge".
Lundi après-midi, le tribunal de grande instance de Nanterre a jugé coupable la jeune femme qui a pourtant nié tout du long avoir proféré des menaces de mort. Elle est condamnée à 4 mois de prison avec sursis et à verser 1.350 euros à chacun des deux plaignants, Laurent et Jean.
Les propos qu’elle réfute avoir tenus sont violents : "En Algérie, les mecs comme vous on les égorge, on leur coupe la tête, " "les pédés ne méritent pas de vivre". Des propos tenus devant sa nièce de trois ans. "Vous trouvez ça normal?", demande l’avocat des plaignants. "Et vous, vous trouvez normal que l’on bouscule une femme enceinte et qu’on la traite de bougnoule", répond-elle. Les deux hommes présents à l’audience assurent ne pas avoir insulté Annaïs.
"S’ils avaient été des personnes normales, je ne les aurais peut-être pas insultés" – Annaïs
A la barre, la jeune femme, coquette brune enceinte de 6 mois, dit s’être "énervée" ce jour-là, elle était "fatiguée". Oui, elle les a injuriés, mais non ce n’était pas homophobe : "J’aurais dis ‘gros tas’ à un gros, ‘blondasse’ à une blonde". Et d’ajouter : "s’ils avaient été des personnes normales, je ne les aurais peut-être pas insultés".
Pour Maître Bouzenoune, avocat des plaignants, la jeune femme "se fiche de tout tout sauf d’elle-même", elle "incarne la banalisation de l’homophobie". "Elle ne comprend pas en fait où est la gravité, et c’est peut-être ça la vraie leçon de ce dossier, c’est que le chemin est long encore pour faire comprendre ce qu’est l’homophobie aujourd’hui".
Homophobe ? Annaïs tente un autre argument. "En Algérie, on ne coupe pas la tête des homosexuels, l’homosexualité existe, d’ailleurs tous les chanteurs de Raï sont homosexuels".
"On ne s’attendait pas à une telle sentence" – Laurent
Une jeune femme nerveuse, qui part au quart de tour mais terrifiée, défend son avocate, qui a bien du mal à convaincre. Son attitude à la barre est "éclairante" pour la procureure qui évoque "une jeune femme pétrie de mépris". Le parquet requiert six mois de prison avec sursis, ce sera finalement quatre. "C’est beaucoup déjà", souligne Laurent à la sortie, qui se dit satisfait de la condamnation et soulagé.
"Je suis très heureux, on voulait que la personne soit punie, on ne s’attendait pas à une telle sentence. Ça veut dire que tout ce qu’on a fait, on ne l’a pas fait pour rien". "On a une justice en France qui fonctionne, on est rassurés", poursuit Jean. Le couple espère qu’elle ne recommencera pas, mais en doute. Selon l’avocate d’Annaïs, elle n’a pas encore décidé si elle allait faire appel, "secouée" après cette condamnation.
La jeune femme a également été condamnée à verser 1.500 euros aux deux associations qui s’étaient constituées parties civiles, Stop à l’homophobie et Mousse.
- SOURCE FRANCE BLEU