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 d’ADHEOS

En Tunisie, un rassemblement contre la criminalisation de l’homosexualité démontre que la parole se libère, malgré une législation toujours très répressive. Comme dans d’autres pays africains…

Au regard de l’actualité du gouvernorat de Kairouan, les pourfendeurs de la discrimination des LGBT+ peuvent avoir envie de sourire comme de pleurer. Ce 19 décembre, devant le tribunal du chef-lieu tunisien du même nom, se tenait la première audience du deuxième procès en appel de six hommes poursuivis pour homosexualité. Un délit punissable, selon l’article 230 du code pénal, d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, après le déploiement d’un arsenal d’enquête qui comporte notamment un test anal.

C’est en 2015 que les prévenus, alors étudiants, avaient été arrêtés sous l’accusation de « sodomie » et condamnés à trois ans de détention et au bannissement pour six ans de la région de Kairouan. La suite avait été un chassé-croisé judicaire allant d’une réduction de peine à 40 jours de prison à un revirement de la Cour de cassation, avec, pour certains des accusés, un asile à l’étranger.

Courage de militer

Les défenseurs des droits des homosexuels sourient tout de même, en constatant que les actions d’ONG comme Human Rights Watch (HRW) commencent à susciter des manifestations comme, ce lundi, devant le tribunal de Kairouan. Ils se satisfont également du fait que les accusés peuvent « parler au juge sans difficultés », comme l’a déclaré l’un des inculpés présents à l’audience. C’est depuis la révolution de 2011 que les militants tunisiens LGBT+ ont trouvé le courage de militer au grand jour.

Certes, les manifestants de Kairouan n’étaient qu’une trentaine, notamment des représentants de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et du groupement d’activistes Damj. De même, les organisations internationales de défense des droits des homosexuels ont conscience que les législations évoluent lentement, à l’échelle du continent.

Il y a quelques jours, quinze femmes et quatre hommes âgés d’une vingtaine d’années étaient arrêtés par la police islamique nigériane pour avoir organisé un mariage gay dans une salle polyvalente de la ville de Kano. « Parler au juge sans difficultés » n’est guère au programme, au cœur d’un État où est instaurée la charia depuis vingt ans. Une loi islamique qui permet de condamner à mort pour homosexualité. Depuis 2014, le système judiciaire étatique prévoit, lui, 10 à 14 ans de prison. Les mariés de Kano auraient réussi à prendre la fuite…

Les mentalités en la matière changent lentement. En 2013, à un président Barack Obama inquiet de toute discrimination promue au pays de la Teranga, l’homologue Macky Sall avait suggéré aux États-Unis de dépénaliser la peine de mort, comme le Sénégal, avant qu’ils ne demandent au Sénégal de dépénaliser l’homosexualité, comme les États-Unis : « Il ne saurait y avoir un modèle fixe dans tous les pays. »