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 d’ADHEOS

Instigateurs des lois homophobes en Ouganda et adeptes des prêches caricaturaux, certains évangéliques semblent voir le démon dans chaque homosexuel. L’avancée des droits LGBT dans les pays les plus développés a contribué à radicaliser les positions de ces chrétiens conservateurs, et leurs discours de haine progressent dans de nombreux pays en développement.
 
Mais, la réalité est moins manichéenne ; des courants réformateurs au sein même des évangéliques nuancent l’extrémisme des propos les plus médiatisés. C+H, le groupe chrétien de Dialogai, invite le sociologue Philippe Gonzalez, expert en religions, pour une conférence détaillant la perception de l’homosexualité par les évangéliques et ses répercussions politiques, le 13 janvier à Dialogai. 
 
 
En 2012, la venue en Suisse du prédicateur évangélique Lou Engel avait provoqué de nombreuses protestations. Le rassemblement de prière auquel il participait alors, et dont l’objectif n’était autre que de provoquer le Réveil, c’est-à-dire une conversion en masse de la population, avait une dimension politique que les évangéliques suisses qui l’avaient invité n’attendaient sans doute pas. En effet, si pour certains courants radicaux du protestantisme, l’homosexualité est associée au démon, c’est principalement aux Etats Unis que se sont développées des revendications politiques pour limiter les droits LGBT ou à l’avortement, et l’influence sur la politique conduite par le Président George H. W. Bush est manifeste. 
 
 
Dans de nombreux pays d’Afrique ou au Brésil, là où la religion a encore une place importante dans la vie publique, l’influence évangélique est encore plus sensible. L’Ouganda est un exemple extrême où l’émergence des législations répressives s’appuie sur une grande part de la population acquise aux vues évangéliques, une pénétration des institutions par des membres du mouvement, et l’idée encore très présente que l’homosexualité est une perversion issue de la colonisation. Loin de ces excès, la Suisse n’est pourtant pas épargnée par un sursaut conservateur encouragé par certains évangéliques. Ce fut le cas lors de la votation sur les minarets, et à nouveau cette année face à la campagne de prévention « Love life – ne regrette rien ». 
 
 
Cependant, aucun courant n’est un monolithe inaltérable, et les évangéliques connaissent leurs propres dissensions. Les succès de la cause LGBT ont sans doute poussé certains d’entre eux qui n’étaient qu’embarrassés par ses évolutions sociétales à reprendre des arguments théologiques extrêmes, les seuls dont ils disposaient. Les positions individuelles sont souvent plus modérées que celles du mouvement dans son ensemble. Et, aujourd’hui, un courant minoritaire mais substantiel des évangéliques se rallie à une lecture moins manichéenne de la Bible.