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 d’ADHEOS

Pour le ministre de l’Éducation nationale, il ne faut pas l’enseigner à l’école. Ça tombe bien, elle n’existe pas.
 
nterviewé mercredi 29 mai dans l’émission Le Talk Orange-Le Figaro, Vincent Peillon a donné raison aux homophobes, transphobes, sexistes et autres promoteurs/trices d’injustices qui brandissent le chiffon de la «théorie du genre» – le fameux «gender». Le ministre de l’Éducation nationale a en effet déclaré: «Nous sommes pour l’égalité fille-garçon, pas pour la théorie du genre». En disant cela, il conforte les opposant-e-s à l’égalité des droits dans leur discours, et admet en filigrane sa propre ignorance puisque la «théorie du genre» n’existe pas.
 
CONFUSION
Comme l’ont rappelé plusieurs auteur-e-s dans une tribune publiée sur Mediapart, ce concept est un épouvantail élaboré de toutes pièces pour «semer la confusion». En utilisant ce vocable, Vincent Peillon déconsidère tout un champ de recherche, les études sur le genre, comme si elles n’étaient qu’une simple idée sans fondement et pas le fruit de réflexions tendant à démontrer que la société construit et maintient des inégalités entre des personnes en raison de leur identité de genre. Si le ministre de l’Éducation nationale assure qu’il est «pour l’égalité fille-garçon», il occulte de fait que les études sur le genre visent précisément à comprendre les origines des inégalités pour mieux les déconstruire.
 
Sur LeFigaro.fr, on relaie sans recul les craintes et les fantasmes de réactionnaires. Olivier Vial, président du syndicat étudiant UNI, s’y indigne par exemple que le livre Papa porte une robe puisse être lu dans des écoles primaires. «Cet ouvrage sera-t-il utilisé pour montrer que l’on peut passer d’un sexe à un autre?», demande-t-il, visiblement pas gêné de cette sortie transphobe. De son côté, une mère de famille s’émeut qu’une association de lutte contre l’homophobie ait parlé de coming-out à sa fille en classe de 4e. Ainsi que l’expliquent les auteur-e-s de la tribune de Mediapart, «l’incompréhension du genre participe à créer une nouvelle figure idéologique repoussoir fondée sur une homophobie latente, parfois manifeste, et l’insupportable menace de l’égalité entre hommes et femmes.
 
Sous la peur de l’indifférenciation entre hommes et femmes, entre hétérosexuel-le-s et homosexuel-le-s, réside en effet le maintien des inégalités. Parce que comme l’explique notamment Christine Delphy, l’opération de classement entre hommes et femmes n’a de sens que parce qu’elle permet de les hiérarchiser, d’accorder des privilèges aux hommes, de créer et maintenir les rapports de domination.»
 
En allant dans le même sens que Virginie Merle-Tellenne et ses affidé-e-s, Vincent Peillon alimente l’idée que les tenant-e-s de l’égalité des droits nient toute différence entre les sexes. Leur discours est pourtant tout autre: il consiste à affirmer qu’aucune différence entre les sexes ne justifie les inégalités qui existent aujourd’hui entre les hommes et les femmes.
 
La question posée au ministre de l’Education nationale est en partie liée à un colloque destiné à réfléchir sur la lutte contre l’homophobie à l’école primaire organisé le 16 mai par le SNUipp-FSU, le principal syndicat du primaire. Dans une publication élaborée à l’occasion de cette conférence, l’organisme considère qu’il est «nécessaire que les enseignants et leur formation prennent en compte les études sur le genre dans leurs pratiques quotidiennes».