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 d’ADHEOS

L’Église protestante unie de Cognac organise ce soir un débat sur une éventuelle bénédiction des couples homosexuels.
 
Le pasteur de l’Église protestante unie de Cognac, Rodolphe Kowal, n’est pas tranquille. Le débat qu’il a décidé d’organiser ce soir à 20 h 30 dans la salle Élisa au numéro 3 de la rue du Temple à Cognac, est sensible. Bénir ou non les couples de même sexe, c’est pourtant une réflexion amorcée au niveau national.
 
Le Synode de l’Église protestante unie de France a prévu de prendre une décision concernant cette forme de bénédiction en 2015. En attendant, elle a fait appel à tous les conseils de France pour donner leur position. À Cognac, elle prendra la forme d’un débat.
 
« Sud Ouest ». Comment cette réflexion a-t-elle germé au sein de l’Église protestante unie ?
Rodolphe Kowal. Il y a eu des demandes de couples homosexuels. Ça fait partie d’un processus, une interrogation interne. Il faut rappeler que seulement 2 à 3 % de la population française est protestante. C’est un sujet minoritaire dans une communauté minoritaire.

Comment l’église protestante juge-t-elle ce nouveau schéma familial ?
Le protestantisme ne défend pas des modèles de société mais continue à proclamer l’Évangile dans la mutation et l’évolution de cette société. Théologiquement, tout le monde peut recevoir un accueil inconditionnel.
 
Est-ce que cette réflexion aurait pu exister sans le vote de la loi sur le mariage gay ?
Dès le vote du Pacs, l’église s’est questionnée. On se préparait au passage de la loi du mariage pour tous. Maintenant, il faut se positionner.
 
De fait, Dieu approuverait une union de même sexe ?
On ne peut pas parler pour Dieu, mais on bénit la symbolique de l’union. Théologiquement, la chose est possible. Les protestants n’ont pas participé aux mouvements anti-mariage pour tous. Ça ne veut pas forcément dire qu’ils sont pour ou contre. Ils ont seulement une culture de la pudeur.
 
Quels sont les « critères » pour bénéficier de cette bénédiction ?
Il faudra prouver que l’on est déjà uni devant la loi, marié civilement ou pacsé. Il faudra modifier la liturgie, un symbole du féminin et du masculin. Globalement, la Bible condamne l’homosexualité. Mais elle prône aussi l’esclavage et l’ascendant du masculin sur le féminin. Pour autant, les croyants continuent à suivre les enseignements dans leur modèle de société.
 
Pourquoi avoir choisi d’organiser un débat à Cognac ?
Il y a déjà eu un débat à l’intérieur du Conseil presbytéral de Cognac. Nous avons d’ailleurs choisi de ne pas nous opposer théologiquement à cette bénédiction. Mais nous avons des réserves sur la liturgie. Une quarantaine de personnes viennent à nos conférences. Je veux nourrir le débat, en essayant d’éviter la polémique.
 
Avez-vous déjà reçu l’avis des personnes de votre communauté ?
Il y a des gens pour, et d’autres qui sont gênés par le débat. L’an dernier, la communauté était globalement opposée à la loi du mariage pour tous. Mais théologiquement, on ne peut pas s’y opposer. Je ne compte pas procéder à des votes ou des sondages ce soir. Juste partager.
 
Avec cette réflexion, considérez-vous votre église moderne ?
Nous ne le faisons pas pour être dans l’air du temps. Mais le contexte sociétal nous pousse à se positionner. À Cognac, la communauté existe depuis le XVIe siècle, mais elle doit parler à son époque. L’homosexualité fait partie de la culture. Notre mission reste la même : annoncer l’Évangile à travers les mutations de la société.
 
Aujourd’hui, un pasteur peut être une femme. Homosexuel aussi un jour ?
Il y en a déjà. Autrefois, on leur demandait directement leur orientation sexuelle. Ça posait des problèmes localement, des scandales. Les personnes étaient assez défavorables. Aujourd’hui, on sait qu’il existe des couples pastoraux homosexuels, mais qui ne se revendiquent pas.