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 d’ADHEOS

Plusieurs anciens étudiants de l’Institut catholique de Vendée (ICES) à La Roche-sur-Yon témoignent de propos qui les ont choqué pendant leur scolarité. Et qui émanent d’un petit nombre de professeurs. La direction, arrivée en 2013, en a écarté certains.
Un rassemblement a lieu ce vendredi à La Roche-sur-Yon, à l’appel du maire de la ville, pour dénoncer "tous les actes homophobes". Luc Bouard a lancé l’appel après qu’un groupe d’une quinzaine de jeunes s’en est pris à un stand du centre LGBT de Vendée, samedi 18 mai. Parmi eux, une dizaine d’étudiants de l’Institut catholique de Vendée (ICES), filmés à visage découvert en plein après-midi sur la place Napoléon scandant le slogan "homo-folie, ça suffit".
 
La scène a fait le tour des réseaux sociaux. La direction condamne très fermement, parlant d’une "ultra-minorité" de militants "radicalisés" et insistant sur leur "bêtise et leur ignorance". De nombreux étudiants de l’école s’expriment aussi pour condamner le comportement de ce petit groupe de camarades. Ils appellent à "éviter les généralités" sur l’école et ses étudiants.
 
Petites phrases pendant les cours
 
Mais cet événement a poussé plusieurs ex-étudiants à témoigner de propos qu’ils jugent anormaux de la part de certains professeurs. Une petite minorité là aussi, et non pas l’ensemble du corps professoral. Un premier témoignage a été livré dans l’émission Quotidien, encourageant d’autres étudiants à parler. Cédric* par exemple. En 2016, il est en première année de licence de science politique, en oral avec un professeur.
 
J’ai pioché le sujet : ‘Doit-on accepter le mariage pour tous ?’ donc j’ai dit que j’étais pour, en donnant des arguments. A la fin, alors que je rangeais mes affaires, il m’a dit que l’argumentation était bonne, mais que l’homosexualité s’apparentait à une maladie"
 
Pour Antoine*, étudiant du même cursus, c’était lors d’un cours magistral en 2015, devant un autre professeur : "On nous a dit que l’homosexualité est contre-nature, dans un amphithéâtre, devant 90 étudiants. Il considérait en fait que l’homophobie était une opinion".
 
Le professeur visé réagit : "Je n’ai jamais dit que l’homosexualité est contre-nature, en tout cas je ne l’ai jamais dit de cette manière là", assure-t-il. "Je suis critique de la notion d’homophobie, et de toutes les phobies qui ne sont pas définies clairement, mais je reste toujours dans le respect des personnes. Le bon terrain, c’est de discuter raisonnablement".
 
"Il y a une sorte de passivité"
 
"C’était souvent un point que les profs, notamment les plus extrêmes, affichaient, qu’il fallait respecter les avis de tous", estime de sa part Cédric, ancien étudiant. "Et sous couvert de ça ils pouvaient se permettre de tenir des propos qui étaient quand même assez choquants".
 
Antoine l’assure, "la quasi-totalité des professeurs" à l’Ices sont "compétents et bienveillants". Mais "Le statut du professeur revêt un certain prestige, on écoute ses paroles et on ne les remet pas en cause. C’est assez difficile de ne pas relier ces propos-là, tenus certes par un tout petit nombre de professeurs, et l’agression du centre LGBT", estime-t-il.
 
Il n’y a pas eu de plainte auprès de la direction. Mais il y a cette minorité agissante qui a un certain pouvoir sur l’institution et qui est clairement homophobe, donc on se sent incapable de dénoncer"
 
Selon lui, à l’époque en 2015, aucun étudiant n’a protesté : "Il y avait une sorte de passivité. Moi-même, alors que je réprouvais ces paroles, je ne me suis pas levé". Un ancien étudiant a tout de même dénoncé des "propos homophobes" de la part de professeurs, au mois de février 2019, dans un questionnaire par mail proposé par l’ICES à ses diplômés. Il proposait à l’école de le recontacter pour livrer un récit circonstancié. Il affirme n’avoir jamais reçu de réponse.
 
"L’ICES, ce n’est pas un ou deux professeurs"
 
De son côté, le président de l’université, Eric de Labarre, assurait lundi qu’il n’a "reçu personnellement" aucune plainte en bonne et due forme, "aucun témoignage concret attestant de débordements" de la "nature" évoquée dans les témoignages. "L’ICES, ce n’est pas 1 ou 2 professeurs, mais 450 professeurs et intervenants professionnels qualifiés", ajoute l’école dans une réponse qu’elle nous a fait parvenir.
 
Je ne suis pas plus aveugle que d’autres et j’ai lu ce qui a été écrit sur les réseaux. Il n’en demeure pas moins que personnellement, je n’ai reçu aucun témoignage concret attestant de débordement de cette nature"
 
Plusieurs professeurs ont été écartés ces dernières années suite à des propos ou des prises de positions jugées inacceptables par la direction actuelle, arrivée en 2013. Plusieurs enseignants interrogés appellent à la "nuance" face à l’image ternie de l’université, et ont l’impression de subir une tornade de critiques "parce qu’on est en Vendée et qu’on est une université catholique privée".
 
Des tags injurieux ont été retrouvés sur les façades de l’université jeudi matin et effacés par des employés. "On est attaqués de toutes parts", confie un membre de la direction. L’ICES a décidé de ne plus s’exprimer publiquement avant d’obtenir les conclusions des conseils de discipline le 28 mai, qui statueront sur une éventuelle sanction pour chaque étudiant concerné.