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 d’ADHEOS

Au Cameroun, l’homophobie ne vise plus seulement les homosexuels, mais aussi les défenseurs des droits LGBTI. L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce de récentes agressions subies par les organisations de défense des droits humains, et particulièrement les institutions qui travaillent avec la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI).
 
Effractions et menaces
 
Ainsi, le siège d’Alternatives-Cameroun, une association basée à Douala, la capitale économique, et qui propose des dépistages gratuits et des conseils sur le VIH, est incendié le 26 juin 2013 par des assaillants non identifiés. Ce n’est que la dernière attaque d’une série noire qui s’étend à travers le pays, retrace l’ONG. Le 1er juin, le siège du Réseau de défenseurs des droits humains en Afrique centrale, coalition de huit pays du continent, établie à Douala, est cambriolé avec effraction. Le 16 juin, c’est au tour du cabinet de l’avocat Michel Togué, connu pour défendre les personnes LGBTI, d’être «visité»: les malfaiteurs emportent son ordinateur et des documents judiciaires confidentiels, précise encore HRW.
 
Maître Togué affirme par ailleurs être régulièrement victime d’actes d’intimidation, filatures et menaces d’enlèvement. Des pressions subies également par la directrice du Redhac, Maximilienne Ngo Mbe, dont le fils a failli être kidnappé en avril 2013. Enfin, insultes et menaces aussi pour l’avocate Alice Nkom, défenseuse de la cause homosexuelle.
 
Que fait la police?
 
Tous ces méfaits ont fait l’objet de dépôts de plainte, mais la police n’a effectué aucune arrestation, indique HRW. Selon Eric Ohena Lembembe, directeur exécutif de l’association Camfaids, située à Yaoundé, «le climat de haine et d’intolérance (…) rassure les homophobes qui savent qu’ils peuvent être impunis pour ces crimes».
 
La société camerounaise est marquée par «des lois, des pratiques et des discours homophobes», dénonce HRW.
 
D’après un rapport publié en mars 2013 par Alternatives-Cameroun, l’Adefho, la Camfaids et Human Rights Watch, les inculpations pour homosexualité se produisent trop souvent (les rapports sexuels avec les personnes de même sexe sont condamnés en vertu de l’article 347 du Code Pénal camerounais). De plus, les forces de l’ordre torturent les personnes arrêtées pour ce délit.
 
HRW conclut en rappelant que, le 1er mai 2013, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé au Cameroun de respecter davantage les droits des personnes LGBTI et à punir les responsables de violences envers leurs défenseurs.