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 d’ADHEOS

La Cour d’appel de Yaoundé a confirmé lundi la condamnation d’un jeune étudiant camerounais à trois ans de prison ferme «pour homosexualité», malgré la mobilisation internationale
 
«Le Cameroun continue dans la bêtise. Le Procureur général a estimé qu’il n’y avait pas d’éléments dans ce dossier mais la Cour a tout de même confirmé le premier jugement (prononcé en première instance)», s’est écrié Michel Togué, l’un de ses avocats, à l’annonce de la sentence en appel de son client: Roger Jean-Claude Mbédé est en effet bien condamné à trois ans de prison, pour délit d’homosexualité.
 
En mars 2011, le jeune étudiant avait été arrêté au domicile d’un particulier à qui il avait seulement envoyé ce SMS: «Je suis très amoureux de toi.» Il a ensuite été écroué à la prison Kondengui de Yaoundé puis condamné le 28 avril 2011 à trois années de prison avant d’être remis en liberté provisoire le 16 juillet 2012. «Mon client n’était pas présent à la Cour (au moment où le verdict a été rendu). S’il avait été là, il aurait été arrêté dans la salle», a poursuivi Michel Togué, précisant que son client allait se pourvoir en cassation.
 
Ignorance ou homophobie
«Je suis catastrophée par la nouvelle. Cette condamnation est scandaleuse. Les conditions du délit d’homosexualité ne sont pas réalisées comme le soutenait d’ailleurs le Procureur (général)», a réagi dans un courrier électronique à l’AFP Saskia Ditisheim, avocate Suisse de M. Mbédé. «Cette décision n’est pas conforme au droit mais conforme soit à l’ignorance de la loi soit à l’homophobie des juges», a-t-elle estimé.
 
«Cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe auprès des membres d’AllOut.org et des milliers de personnes qui soutiennent Roger», a écrit cette organisation basée aux Etats-Unis, qui avait organisé une pétition de soutien à Roger, qui a récolté 100.000 signatures. Toujours à initiative d’AllOut, des personnes du monde entier se sont pris en photo avec le texte du SMS (lire article).
 
D’autres procès en cours
L’ONG assure qu’elle «continuera sa campagne afin que le président (camerounais) Paul Biya fasse libérer les détenus condamnés pour homosexualité et qu’il abolisse les lois homophobes toujours en vigueur» au Cameroun où les pratiques homosexuelles sont interdites, les peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
 
D’autres procès comme celui en appel de deux jeunes condamnés à cinq ans de prison et emprisonnés depuis novembre 2011, ainsi que celui de deux femmes accusées d’être homosexuelles, sont très médiatisés dans le pays où des associations militent pour le durcissement des lois contre l’homophobie.