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 d’ADHEOS

 Dans cette ville du Nord malheureusement habituée aux faits divers sur fond d’homophobie, la vitrine d’un coiffeur gay a été vandalisée ce week-end. «Je ne baisserai pas les bras», confie-t-il à TÊTU
 
Quatre salons de coiffure ornent la rue des Chaudronniers, au centre-ville de Cambrai (Nord). Pourtant, c’est la vitrine de Sedryck Fontaine, un artisan coiffeur ouvertement gay, que les vandales ont choisi de démolir, dans la nuit de samedi 17 juillet à dimanche. La Voix du Nord note pourtant que ce salon est le seul de la rue à disposer d’un dispositif de sécurité avancé…

 
 
Dans les décombres de la vitrine, les policiers ont trouvé des insultes homophobes. Sedryck Fontaine a d’ores et déjà porté plainte contre X, avec le soutien du Collectif contre l’homophobie. La police, quant à elle, préfère rester discrète et ne pas se prononcer quant aux motivations des vandales.
 
«Plus on m’emmerde, plus je vais me montrer!»
Interrogé par TÊTU, le propriétaire du salon ne compte pas se laisser abattre, pour lui, assumer c’est déjà gagner une bataille. «Je dérange, un pédé qui gagne bien sa vie, qui a une belle voiture et une belle clientèle qui le soutient évidemment ça énerve! Mais je suis un battant, plus on m’emmerde et plus je vais me montrer, crier fort!»
 
Pourtant, ce n’est pas la première fois que Sedryck Fontaine est victime d’homophobie dans sa ville. Entre lassitude, mépris et incompréhension, il explique qu’il commence à peine à prendre ses marques à Cambrai. «J’ai déjà eu mes volets tagués, ma voiture démolie avec des messages homophobes sur le capot, et encore ce matin, j’ai eu un coup de téléphone qui me disait "petite tapette, on va démolir ta vitrine une deuxième fois". Je suis ici depuis dix ans et ça fait dix ans que ça dure. On est en 2010, y’en a marre! Foutez la paix aux homos.»
 
«Cette fois c’est différent»
Les services de police se sont rendus plusieurs fois sur place depuis l’infraction, un investissement que salue l’artisan coiffeur, qui constate que «cette fois c’est différent. Peut-être parce que je ne ferme pas ma gueule!» déclare-t-il, avant d’ajouter: «J’en connais trop qui baissent les bras, et je vois régulièrement des mecs se faire courser avec des battes de base-ball. Moi je cours après ceux qui tiennent les battes!»
 
Ce fait divers n’est pas le premier à Cambrai. On se souvient du meurtre d’un sexagénaire, en 2008, pour lequel deux hommes avaient été condamnés (lire notre article). Et ce n’est pas tout, nous informe Hussein Bourgi, le président du Collectif contre l’homophobie: «Notre association est hélas connue à Cambrai. Nous étions partie civile aux assises de Douai en décembre dernier suite à ce meurtre homophobe, et nous le sommes encore dans plusieurs procès à venir dans le Nord.»