Les enquêteurs soupçonnent ce jeune migrant sans abri d’avoir tué quatre hommes en seize jours en raison de leur orientation sexuelle. Mais l’identité de deux victimes, des compagnons d’infortune du suspect, jette le trouble sur le déclenchement de cette folie meurtrière.
Quatre corps, un suspect, une hypothèse tenace de crimes homophobes, mais un mobile encore incertain. Onze jours après la découverte de quatre cadavres dans la Seine à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), le 13 août, un sans-abri d’une vingtaine d’années a été mis en examen, dimanche 24 août, pour « meurtres en concours » au préjudice des quatre victimes. Cette infraction rare, qui désigne les crimes sériels, ouvre une perspective vertigineuse : celle d’un tueur en série qui aurait commis quatre meurtres en seulement seize jours dans le même secteur.
L’identité de ce migrant désocialisé et précaire, tout comme ses motivations, demeurent confuses. En garde à vue, il s’est présenté comme un Algérien de 24 ans, né à Oran et prénommé « Ahmed », installé irrégulièrement depuis trois ans en France, où il travaillerait occasionnellement sur les marchés et dans le bâtiment. Mais les enquêteurs ont trouvé dans son squat un document en arabe portant sa photo laissant supposer qu’il s’appellerait en réalité Monji H. et serait de nationalité tunisienne, une identité qui a été confirmée par un de ses proches, explique au Monde une source proche de l’enquête.
Concernant les faits qui lui sont reprochés et son possible mobile, le suspect ne s’est pas montré plus disert. Durant ses quatre-vingt-seize heures de garde à vue, réalisée avec l’aide d’un interprète en raison de son niveau de français rudimentaire, il a nié les faits ou gardé le silence face aux éléments à charge accablants qui lui étaient présentés. Dans son dernier communiqué, publié dimanche, le parquet de Créteil n’avance d’ailleurs aucune hypothèse permettant d’expliquer cette folie meurtrière et ne retient pas, à ce stade, la circonstance aggravante qu’elle ait pu être déclenchée en raison de l’orientation sexuelle des victimes.
Deux corps partiellement dénudés
C’est pourtant bien aujourd’hui une des principales pistes suivies par les enquêteurs de la brigade criminelle de Paris. « Un mobile sexuel ne peut être exclu à ce stade », explique une source. Les quatre corps ont en effet été repêchés à proximité d’un endroit connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, et le suspect squattait dans un ancien local technique désaffecté servant à la gestion des eaux de la Seine, situé à quelques dizaines de mètres de là.
Mais ce sont surtout les premières constatations réalisées sur les victimes, portées disparues entre le 26 juillet et le 11 août, qui ont donné de l’épaisseur à ce mobile. Leur identification a été rendue particulièrement complexe en raison de la dégradation de certains corps. La victime la plus récente a été la première identifiée : il s’agit d’un Français de 48 ans domicilié à Créteil, dont les investigations ont établi qu’il était homosexuel et avait fréquenté ce lieu de rencontres le soir de sa disparition, le 11 août. Il a été repêché deux jours plus tard vêtu d’un tee-shirt et le bas de son corps « dénudé », précise le parquet. (…)
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- SOURCE LE MONDE