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 d’ADHEOS

Bruno Wiel, 34 ans, originaire du Calvados, a été victime d’homophobie en 2006 en région parisienne. Torturé et laissé pour mort. Aujourd’hui, le jeune homme fait le point sur ses projets.
 
Aujourd’hui, je tiens à m’exprimer non pas seul mais aux côtés de deux associations caennaises : la Maison des diversités, qui organisait la Gay Pride samedi à Caen, et Melting Pomme. Je me suis déjà pas mal exprimé sur ce qui m’est arrivé. Si je continue à en parler, c’est pour aider d’autres victimes. Et mettre en avant les initiatives d’associations locales qui, en province, organisent plein d’événements remarquables pour lutter contre l’homophobie.
 
J’espérais pouvoir retravailler
 
Cela fera six ans en juillet que j’ai été agressé par quatre hommes. Quand on m’a retrouvé dans le parc deux jours après les faits, on m’a placé dans un coma artificiel. Ma vie depuis ? Je n’ai aucune occupation. Je ne peux pas lire j’ai de gros soucis de mémoire dus au traumatisme crânien. Je regarde beaucoup de séries télévisées.
 
Ma rencontre avec Loïc Frossard, président de Melting Pomme, et Alice Bébin, présidente de la Maison des diversités, m’a permis de casser un peu cette solitude. J’attendais surtout avec impatience les conclusions médicales des experts, qui viennent de tomber. Mais je vais être placé en invalidité définitive. Mon pourcentage sera bientôt déterminé. Il ne sera pas inférieur à 60 %.
 
Ça fout franchement les boules. Personne ne pensait que je m’en sortirai. Maintenant, je suis capable de vivre seul. J’espérais pouvoir retravailler. À la place, on m’a conseillé de chercher une activité « occupationnelle ». Alors je vais m’y mettre. Cela s’est fait par étape mais j’ai repris confiance en moi.
 
Je vais tout faire pour que mon expérience puisse servir à d’autres. Pour cela, j’aimerais créer ma propre association. Même si je sais que je ne pourrai pas le faire seul, parce que je suis fatigable.
 
Le but serait vraiment d’aider les familles des victimes, qui souffrent énormément. J’aimerais aussi sortir un livre pour rétablir la vérité. Je l’ai commencé, mais ça ne me plaît pas pour l’instant. Je compte ajouter plus de détails, et utiliser les déclarations des quatre agresseurs car je ne me souviens pas de ce qui m’est arrivé cette nuit-là.
 
Je vais aussi continuer d’assumer un rôle de « porte-parole ». Même si la couverture médiatique de mon agression a été du « grand n’importe quoi ». C’était du harcèlement : on m’a poursuivi jusque dans les toilettes du tribunal pour avoir un « scoop »…
 
Je reçois pas mal de témoignages de victimes sur ma page Facebook. J’ai des contacts dans chaque association française. Je vais continuer à dire ce qui se passe en France dans le domaine de l’homophobie. Cela me tient à coeur. Pour que ce qui m’est arrivé ne se reproduise plus jamais.