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 d’ADHEOS

Paternalisme vis-à-vis des trans, caractère inné de l’homosexualité, misogynie, jeunisme: l’agitateur canadien tire à boulets rouges sur les nouvelles «valeurs» colportées par le mainstream gay.
 
Attention, Bruce LaBruce attaque! Le réalisateur queer n’a rien perdu de son mordant. Dans «Vice», il réduit en lambeaux un «Guide du savoir-être gay» récemment publié par ce magazine. Selon lui, l’article prétendument «politiquement incorrect» est en réalité traversé des clichés les plus réducteurs actuellement en circulation sur les homosexuels mâles – avec leur propre bénédiction. Il en va ainsi de la tendance des gays à décrire leur homosexualité comme un «impératif biologique [..] inné, pré-ordonné et doté de caractéristiques fixes». Une assertion aussi révoltante que celle «que les Noirs auraient le rythme dans la peau».
 
Pour Bruce LaBruce, ces «balivernes essentialistes», avancées sans l’ombre d’une preuve biologique, ont une grave conséquence: elles découragent «les gens qui pourraient être identifiés comme hétérosexuels à explorer leur potentiel homosexuel, et vice-versa.» L’agitateur canadien convient qu’il peut s’agir «d’un expédient politique», un argument facile pour les gays et lesbiennes réclamant des droits comme ceux au mariage ou à la non-discrimination. Mais ce «Born This Way» lui semble surtout «un échec de l’imagination et et une fuite en avant vers une nouvelle homonormativité.» «Cela enlève aussi tout le fun que recèlent des concepts comme l’ambiguïté sexuelle, la panique homosexuelle, ou le bonne vieille idée du prosélytisme pédé, écrit-il. Sur mon campus universitaire il y avait une certaine Ligue contre les homosexuels. Ils distribuaient des pamphlets où l’on pouvait lire ‘Les pédés ne produisent pas, ils séduisent!’ Pour moi, ça a toujours sonné comme une forme de reconnaissance.»
 
Misogynie rampante
 
Autre exaspération de Bruce LaBruce, la suggestion provocatrice de «Vice» que les hommes gay et femmes lesbiennes n’ont jamais rien eu en commun. Pour le réalisateur de «Hustler White», c’est faire bien peu de cas des exemples nombreux de solidarité entre les deux camps. Il rappelle le rôle des lesbiennes lorsque l’épidémie de sida à éclaté San Francisco. Elles étaient présentes pour prendre soin des premiers malades, vus alors comme des pestiférés, comme le rappelle le documentaire «We Were Here».
 
Sous couvert de politiquement incorrect, l’idée d’un fossé entre lesbiennes et gays n’est que le témoignage de la misogynie rampante de nombreux gays, particulièrement sensible sur les scènes gay des métropoles, rappelle-t-il. Dans les plus petites villes ou sur les campus, hommes et femmes homosexuels se retrouvent bien plus souvent à se serrer les coudes. Les «citified fags» (que l’ont pourrait s’aventurer à traduire par «pédés urbains») devraient en prendre de la graine, estime LaBruce. «Si les gays des villes sortent seulement avec d’autres gays, cela signifie habituellement qu’ils sont ennuyeux, sans horizons, étriqués. J’ai un message pour ces cons qui pensent que les vagins sentent le poisson: vous êtes simplets.»
 
«Les trans vont te botter le cul»
 
Le guide de «Vice» se risquait également à conseiller aux gays d’«être gentils» avec les transsexuels. Bruce LaBruce explose: «Chéri, les trans ne sont pas une sous-classe pathétique qui réclame ta pitié, et ils vont probablement te botter le cul si tu les traites ainsi.» Quant aux vieux, le magazine affirmait que le temps était révolu où il était bon d’y mettre les formes pour envoyer péter les aînés quand ils se montrent trop entreprenants. Sur ce sujet, Bruce LaBruce, 48 ans, prépare un chien de sa chienne avec son prochain film. Son titre? «Gerontophilia».