L’étendue de la bisexualité

Il est difficile d’évaluer l’étendue de la bisexualité dans notre société. Peu de recherches ont été faites sur le sujet, particulièrement en français. La plupart des ouvrages sur la sexualité sont orientés sur l’hétérosexualité ou l’homosexualité.

 
 
Une étude importante effectuée par Alfred Kinsey* dans les années 1940 et 1950 démontre que 33% à 46% des hommes et de 15% à 25% des femmes seraient bisexuel(le)s en se basant sur leurs activités ou leurs attirances sexuelles. Les bis font partie d’une population qui vit son orientation dans l’ombre. Dans notre culture, il est généralement pris pour acquis qu’une personne est hétérosexuelle (par défaut) ou homosexuelle (se basant sur des indices comportementaux et d’apparences). Par le fait que la bisexualité ne s’intègre pas aux normes rassurantes de la société, elle est souvent ignorée, même niée. Quand cette dernière est reconnue, elle est souvent perçue comme une identité à tendance hétérosexuelle ou homosexuelle ou transitoire plutôt qu’une identité unique.
 
Certains diront que la bisexualité n’est qu’une phase dans la vie d’une personne. En fait, toute orientation sexuelle peut être transitoire vers une autre.
 
Les êtres humains sont différents quant à leur capacité d’érotiser un sexe ou un autre et celle-ci peut changer au cours d’une vie. La consolidation d’une identité est un processus continuel. En tenant compte du fait que nous sommes généralement socialisés dans un monde hétérosexuel, la bisexualité est une étape que plusieurs vont explorer afin de reconnaître leur homosexualité. D’autres s’identifieront comme bisexuels au moment de leur vie où ils réalisent que cette dernière leur est plus congruente. D’ailleurs, une étude effectuée par Ron Fox auprès de 900 bisexuel(le)s démontra que le tiers (1/3) se seraient identifiés comme lesbiennes ou gais dans le passé. Il est toujours vrai d’affirmer que l’orientation sexuelle d’une personne n’est pas nécessairement fixe.
 
Il est à noter que la bisexualité, tout comme l’homosexualité ou l’hétérosexualité peut être une transition dans un processus de découverte de sa sexualité, ou simplement une identité fixe accompagnant un individu pendant toute sa vie.
 

L’identité bisexuelle

L’identité sexuelle est issue de la perception de soi-même. Plusieurs personnes ont des rapports sexuels avec des hommes et des femmes mais ne s’identifient pas bisexuel(le)s pour autant.
De la même façon, des individus ont des rapports exclusivement avec des gens du même sexe ou encore n’ont jamais de relations sexuelles mais se considèrent bisexuel(le)s.
Il n’existe à proprement dit aucun comportement typique pour déterminer si une personne est bisexuelle ou non.
  
Plusieurs personnes pensent qu’un individu naît hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel (influencé par des hormones pré-natales par exemple) et que ces identités sont innées et fixes.
D’autres croiront que l’orientation sexuelle naît du conditionnement social soit en choisissant de rejeter ou d’intégrer les modèles parentaux ou simplement de choisir consciemment le lesbianisme comme action féministe.
Finalement, d’autres croiront que plusieurs facteurs interagissent pour former l’identité, tels que le conditionnement social, l’aspect culturel et l’aspect biologique qui permettraient à un individu de s’identifier à une orientation précise. Le "choix "qu’une personne fait quant à son orientation sexuelle prendrait racine dans des facteurs personnels à chacun, qu’il/elle soit hétérosexuel(le), bisexuel(le) ou homosexuel(le).
 
 

Mythe ou réalité ?

La sexualité se situe sur un continuum. Elle n’est pas «statique» ou «fixe», mais plutôt un processus fluide qui peut varier à travers la vie d’un individu.
 
 
  • Mythe 1 : Les bisexuel(le)s sont des débauché(e)s ou des échangistes. 
Réalité Les bi ont une variété de comportements sexuels. Certains ont plusieurs partenaires, d’autres un(e) seul(e). Certains vivront une période de leur vie sans partenaire. La promiscuité sexuelle n’est pas plus existante dans la communauté bisexuelle que dans d’autres groupes ou orientations sexuelles. 
  • Mythe 2 : Les bi sont attiré(e)s également par les deux sexes. 
Réalité Certain(e)s peuvent être attiré(e)s également par les deux sexes et d’autres semblent attiré(e)s d’avantage par les individus de leur propre sexe ou par ceux du sexe opposé, mais reconnaissent leur attirance pour les deux sexes. 
  • Mythe 3 : Les bi ont des partenaires amoureux concurrentiels des deux sexes. 
Réalité "Bisexuel-le" veut simplement dire un «potentiel» pour entrer en relation avec un sexe ou l’autre. Cela peut se vivre sexuellement, émotionnellement ou seulement au niveau des fantasmes. Certain(e)s bisexuel(le)s peuvent avoir des amoureux(ses) concurrentiel(le)s, d’autres peuvent s’impliquer dans une relation exclusive à des périodes différentes.
 
La plupart des bi n’ont aucunement besoin d’être en relation avec les deux sexes à la fois pour être en équilibre dans leur sexualité. 
  • Mythe 4 : Les bi ne peuvent être monogames. 
Réalité La bisexualité est une orientation sexuelle. Cette dernière ne dépend pas du style de vie monogame ou non monogame. Les bi sont aussi capables que n’importe qui de vivre une relation monogame à long terme avec un(e) partenaire qu’ils (elles) aiment. Les bisexuel(le)s vivent une diversité de styles de vie comme les gays, les lesbiennes et les hétérosexuel(le)s.  
  • Mythe 5 : Les bi cachent leur homosexualité.
Réalité La bisexualité est une orientation sexuelle par elle-même qui inclut l’homosexualité. Plusieurs bi se considèrent comme faisant partie du milieu gay, d’autres sont activement impliqués dans la communauté gay, socialement et politiquement.  
  • Mythe 6 : Les bi sont en phase de "transition". 
Réalité Certains individus passent à travers une période de bisexualité temporaire en voie d’adopter l’identité lesbienne/gay ou hétérosexuelle. Pour d’autres, la bisexualité réfère à une orientation/identité à long terme. De plus, nous observons que l’homosexualité peut être une phase transitionnelle dans le processus de "coming out" pour devenir bisexuel.
  • Mythe 7 : Les bi répandent le VIH/SIDA à la communauté lesbienne et hétérosexuelle. 
Réalité Ce mythe vient expliquer la discrimination envers les bisexuel(le)s. L’étiquette "bisexuel-le" réfère simplement à une orientation sexuelle. Le SIDA peut être transmis à un individu, peu importe son orientation sexuelle. Le SIDA peut être transmis suite à des comportements sexuels à risques, des seringues partagées et des transfusions sanguines contaminées. L’orientation sexuelle n’a rien à voir avec la source de transmission du VIH/SIDA. 
  • Mythe 8 : Les bi ont une sexualité confuse. 
Réalité Il est tout à fait naturel pour les bi et les gays de transiter ou d’expérimenter une période de confusion dans leur processus de "coming out". Lorsqu’un individu est soumis à l’oppression de la part de certains et à la constante mention que les bi n’existent pas, cela peut lui créer de la difficulté à trouver sa vraie identité et peut lui présenter une barrière pour assumer sa propre identité en tant que bi. Il s’avère essentiel de trouver pour les bi un environnement pouvant les supporter et les aider à cheminer dans la découverte de leur orientation sexuelle. 
  • Mythe 9 : Les bi se cachent derrière leur ‘hétérosexualité, quand viendrait le temps de revendiquer leur homosexualité
Réalité Être identifié comme hétéro et nier notre bisexualité est aussi difficile et douloureux pour nous les bisexuel(le)s qu’il peut l’être pour un gay ou une lesbienne. Les bi ne sont pas des hétérosexuel(le)s et tous les bi ne s’identifient pas comme tel(le)s. 
  • Mythe 10 : La femme bi laisse tomber sa partenaire pour un homme. 
Réalité Toute personne, peu importe son identité sexuelle, peut osciller d’un pôle à l’autre du continuum des attirances sexuelles. Certains choisissent aussi de s’investir avec une personne peu importe son sexe pour vivre une relation à long terme.
 

Qu’est-ce que la bisexualité?

La bisexualité est la capacité d’être émotionnellement et/ou sexuellement attiré(e) par les personnes des deux sexes.
Une personne bisexuelle n’est pas nécessairement attirée par les deux sexes à part égale, mais le degré d’attirance peut varier avec le temps.