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 d’ADHEOS

Au gouvernement et dans la majorité, certains poussent pour que ce texte, promesse du candidat Macron, soit examiné cette année. Mais vu l’embouteillage au Parlement, d’autres plaident pour reporter le projet après les municipales.
 
C’est ce qui s’appelle un coup de pression… Stanislas Guerini, le patron de LREM est monté au créneau mardi matin dans les colonnes du Figaro et sur les ondes de RTL pour plaider pour que le projet de loi sur la PMA « soit étudié avant la fin de l’année au Parlement ». Une sortie qui ne doit rien au hasard. «C’est cette semaine que le Premier ministre doit décider de son calendrier et dire quelles vont être les réformes prioritaires de l’Acte II du quinquennat. Ceux qui veulent mettre la PMA en haut de la pile poussent », résume un conseiller ministériel. Dans la coulisse, l’ambiance est donc plutôt tendue : «Il y a un rapport de force entre ceux qui souhaitent une promulgation en 2019 et ceux qui s’en foutent », assure un parlementaire.
 
Promesse de campagne du candidat Macron, ce texte qui autoriserait la procréation assistée pour les femmes célibataires et homosexuelles, a déjà été reporté à l’automne dernier. A tel point qu’Agnès Buzyn, la ministre chargée de mener cette bataille, ronge son frein et a déjà préparé son discours : «Je l’ai bien en tête, cela fait un an et demi que cela mature », confie-t-elle en privé. Mais, même elle ne sait pas quand elle pourra le prononcer… Mardi matin, sur France Inter elle s’est d’ailleurs contentée d’annoncer une présentation du texte en Conseil des ministres avant l’été, sans pouvoir donner plus de détails sur son arrivée dans l’hémicycle. La faute à un calendrier parlementaire surchargé par les nombreuses réformes qui attendent la majorité après le Grand débat. Et c’est justement là que le bât blesse : difficile de trouver l’interstice pour y glisser cette mesure sociétale.
 
«On aura toujours une bonne raison de ne pas le faire», s’alarme un député
 
«Je me bats pour que l’on ait un calendrier non pas de présentation en Conseil des ministres, mais d’examen à l’Assemblée. Il est indispensable de supprimer cette discrimination d’accès à la PMA. Le discours qui consiste à dire : le texte est prêt, mais il est otage du calendrier est assez hypocrite », s’emporte le député Guillaume Chiche. Dans son sillage, une partie de la majorité appuie pour que ce texte emblématique, véritable marqueur, ne passe pas aux oubliettes. «Il reste deux mois disponibles pour examiner le texte à l’Assemblée : octobre et novembre. Ensuite ce sera après les municipales, après les municipales, on aura déjà embrayé sur la présidentielle. On aura toujours une bonne raison de ne pas le faire », s’alarme déjà Guillaume Chiche.
 
Le Premier ministre – qui n’était pas à la base favorable à la PMA, même s’il a fait son mea culpa depuis – sera-t-il sur la même longueur d’ondes ? Il a en tout cas érigé deux priorités pour la suite : l’écologie et le social. Loin donc des mesures sociétales… Et certains dans son gouvernement l’enjoignent à la prudence. «Pas sûr que ce soit le plus intelligent de lancer la PMA avant les municipales. Ce texte peut déclencher des étincelles, on peut se retrouver avec un million de personnes dans la rue », redoute un conseiller ministériel. «Il y a une possibilité d’alliance de tous les conservatismes. Ce sera compliqué même si 70% des Français sont pour la PMA », soupèse un ministre.
 
Reste qu’Emmanuel Macron, qui a perdu une partie de ses électeurs de centre-gauche, pourrait toutefois trouver quelques attraits à cette réforme de société. «Si on réfléchit en terme électoralistes, souligne un député, cela nous permet d’envoyer un petit signal à gauche et ça plaira même à Bruno Le Maire parce que ça ne coûte pas d’argent ». Comprendre : cela ne coûte pas cher, mais peut rapporter gros.