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 d’ADHEOS

Le journaliste et militant pour les droits des personnes LGBTQ+, Avaz Hafizli, âgé de 24 ans, a été assassiné par un membre de sa famille le 22 février. Sa mort a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux. De nombreux activistes ont critiqué l’Azerbaïdjan, pays qui se refuse toujours à réagir face aux crimes de haine, et en particulier ceux ciblant les groupes marginalisés du pays.

Les amis de Hafizli ont déclaré que la communauté LGBTQ+ a perdu un ami cher, quelqu’un qui avait été au premier plan de la lutte pour la protection et la reconnaissance des droits de la communauté LGBTQ+ en Azerbaïdjan.

Notre courageux ami, militant LGBTQ+ et journaliste, Avaz Hafizli, a été tué aujourd’hui. En justifiant le meurtre de tant d’homosexuel·les, en alimentant en permanence l’homophobie et la transphobie, le Gouvernement azerbaïdjanais se rend directement responsable de sa mort. Nous n’oublierons jamais.

En septembre 2021, Hafizli s’était enchaîné devant le bureau du procureur général en signe de protestation contre l’inaction de l’institution après que la blogueuse Sevinj Huseynova, ait ouvertement appelé à la violence contre les citoyen·nes homosexuel·les du Pays. Huseynova avait également ciblé Hafizli. Après quoi, selon les propres récits du journaliste, il avait été renié par sa famille et avait aussi fait une tentative de suicide.

Un discours permanent anti-LGBTQ+

Selon ILGA Europe, une organisation non gouvernementale internationale qui défend les droits et libertés des personnes LGBTQ+, l’Azerbaïdjan occupe la dernière place, sur 49 pays, dans l’indice Arc-en-ciel de l’organisation.

Ces dernières années, le Gouvernement azerbaïdjanais a intensifié les mesures de répression contre la communauté LGBTQ+. En 2017, au moins 83 personnes ont été arrêtées [en] par la police parce qu’elles étaient homosexuelles ou transgenres. Les détenu·es ont déclaré avoir été victimes de torture et de chantage. Cette même année, au moins quatre citoyen·nes azerbaïdjanais·es s’identifiant comme LGBTQ+ se sont suicidé·es.

En 2018, le journal israélien Haaretz a rapporté que le Gouvernement azerbaïdjanais utilisait l’équipement et le logiciel de surveillance Verint Systems d’Israël, pour identifier l’orientation sexuelle de ses citoyen·nes sur Facebook.

Selon Meydan TV et Minority Magazine, plus d’une douzaine de personnes LGBTQ+ ont été arrêtées en 2019. La plupart étaient des travailleuses du sexe transgenres qui avaient été sollicitées puis arrêtées.

En mars 2021, Minority Magazine a signalé un nouveau mouvement, « Pure Blood » (« Pur sang »), qui se mobilisait sur l’application Telegram pour cibler les personnes LGBTQ+ en Azerbaïdjan.

Puis, à l’été 2021, pendant le mois de la FIERTÉ, Minority Magazine, encore, a documenté d’autres attaques contre des personnes LGBTQ+.

La police ou les voies juridiques officielles offrent peu de recours aux membres de la communauté LGBTQ+, victimes de discrimination ou de violence. Par exemple, en novembre de l’année dernière, une femme transgenre et son partenaire ont été attaqués dans la rue de la capitale, Bakou. Conscients du piètre bilan de la police auprès des citoyen·nes homosexuel·les, ils ont décidé de ne pas déposer de plainte officielle, craignant des représailles et une potentielle ingérence dans leur vie privée.

Selon une recherche d’OC Media, un site Web basé à Tbilissi en Géorgie, qui s’est penché sur les discours de haine homophobe dans le pays en analysant les rapports des médias, la rhétorique anti-LGBTQ+ en Azerbaïdjan est omniprésente chez les politicien·nes, les célébrités et les personnalités publiques.

Cette étude a aussi souligné les discriminations auxquelles les personnes LGBTQ+ sont victimes dans le service militaire. En Azerbaïdjan, les personnes qui s’identifient comme LGBTQ+ sont exemptées du service militaire obligatoire en vertu de l’article 18, paragraphe b, du règlement sur les examens médicaux militaires, qui stipule qu’une personne est considérée comme inapte ou partiellement apte au service militaire sur la base de troubles de la personnalité, et en vertu de l’article 17/b, qui indique des psychoses réactives et des troubles névrotiques.

La blogueuse Sevinj Huseynova n’est pas la seule à avoir ouvertement appelé à la violence contre la communauté LGBTQ+. Selon Minority Magazine, en janvier 2022, un religieux, Haji Tayyar Huseynli, a qualifié les membres de la communauté LGBTQ+ d’ « ordures » et a déclaré que les couples de même sexe ayant des relations sexuelles devraient être condamnés à mort. « C’est-à-dire que, selon les règles religieuses, on doit tuer ceux qui commettent cet acte odieux. C’est ce que demande la religion », a déclaré Huseynli dans une interview pour une plateforme d’information locale.

Selon la déclaration publiée par le Bureau du Procureur général, Hafizli a été tué par son cousin, alors sous l’influence de l’alcool, après que les deux hommes se soient disputés. Le bureau a dit qu’une enquête avait été lancée.

Cependant, les activistes du pays n’en attendent pas grand-chose. Sur sa page Facebook, la militante des droits civiques, Gulnara Mehdiyeva, a déclaré : « Les personnes LGBTQ sont sans importance aux yeux de la loi azerbaïdjanaise. Ils ne sont pas considérés comme des êtres humains, et ni le parquet, ni le Service de la sûreté de l’État, ni aucun autre organe ne bougent leur petit doigt pour éviter les massacres. Le Gouvernement azerbaïdjanais est directement coupable d’avoir légitimé l’assassinat de personnes LGBTQ à tous les niveaux. »