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 d’ADHEOS

Depuis un an, un habitant de Bizanet est victime d’actes à caractère homophobe et antisémite particulièrement violents.

Ce mercredi 17 août, Jean-Marc se dirige vers sa voiture garée devant la médiathèque du village. Lorsqu’il arrive…consternation, sa voiture est à nouveau taguée. Des villageois se rapprochent et déchiffrent les mots écrits sur la carrosserie. “Je n’ai jamais vu ça, s’exclame un habitant, c’est invraisemblable, tout le village n’est pas comme ça, c’est horrible pour Bizanet d’être assimilé à de tels propos ignobles, ce sont certainement des jeunes imbéciles…”. “C’est l’acte de quelques personnes isolées qui ternissent l’image du village” souligne Jean-Marc.

Son numéro de téléphone dévoilé publiquement

Depuis un an, les insultes homophobes et antisémites pleuvent : les lettres anonymes se succèdent, accompagnées de tags sur sa voiture et la porte de sa maison. Dernièrement, son téléphone personnel a été dévoilé publiquement. Inscrits sur les abris bus de la commune, les numéros sont suivis d’une incitation à la haine. Les termes des lettres sont violents, à caractère homophobe et antisémite et souvent accompagnées de menaces de mort et de croix gammées. Face à ce déferlement, Jean-Marc a déposé plaintes à maintes reprises à la gendarmerie auprès de la compagnie de Narbonne.

Une fête qui tourne au cauchemar

“Tout a commencé le 14 juillet 2021. J’avais organisé une fête de voisins de ma rue en accord avec la mairie pour retrouver du lien social après les années de covid. Vers 22 h j’ai reçu un SMS me demandant d’arrêter la musique, cause de tapage nocturne, sous peine de représailles. J’ai baissé le son. Puis j’ai reçu un 2 e SMS  : “arrête ta musique, sale pédé”. J’avais déjà eu des réflexions de gens passant devant ma porte du style  : “on n’est pas à la gay pride ici.” Au mois de juin 2022, Jean-Marc a accroché sur sa maison le drapeau LGBT pour s’associer à la lutte contre les violences homophobes dans le monde. Un geste assimilé à de la provocation pour certains. “Je pense que ce drapeau a enflammé les esprits” explique-t-il. Revenant en arrière dans le temps, il poursuit sur ce fameux 14 juillet 2021 : “Nous étions une quarantaine ce soir-là, et tout d’un coup, nous avons essuyé des tirs de mortier d’artifice, ça venait de la maison d’en face, suivis de tirs de pétards de jeunes qui hurlaient : “au feu les pédés ! “

“Notre Eglise ne veut pas de juiverie”

S’en est suivie une série de lettres anonymes accompagnées de croix gammées et de séance de caillassages sur la maison dont voici un extrait : “On ne veut pas de pédé, gouine, trans, tout comme on ne veut pas d’assassins de Palestiniens comme vous. Vous êtes juif, non ? Fier ? On ne veut pas non plus de nègre ou de bougnoul, ici, c’est un village de  Français qui respecte les lois. Honte à vous d’habiter si près de l’Eglise. Vous êtes un individu abject qui salissez notre patrimoine. Merci de foutre le camp rapidement de notre joli village, il n’y a pas de lieu de culte ici et notre Eglise ne veut pas de juiverie PD. Dernier courrier avant action”. 

Quinze jours plus tard, le 1 er août 2021, alors qu’il participait à un vide grenier, un habitant l’avait insulté avant de le prendre brutalement par le col. “J’ai décidé que cette fois j’allais vraiment déposer plainte”. Cette première plainte a été accompagnée de témoignages des participants à la fête du 14 juillet. La situation s’est reproduite en juillet cette année, avec de nouvelles lettres à caractère antisémite et homophobe : “T’as toujours pas compris ? On ne veut pas de pédé ni de juif ici”. Et sur sa porte : “On va te saigner ta race !” 

Le 20 juin dernier, il a fait une tentative de suicide. Aujourd’hui, il est assisté par des associations nationales, comme SOS Homophobie, Les enfants de Stonewall, Flag, le SPCJ et la LICRA qui luttent contre les actes homophobes, racistes et antisémites, pour l’égalité des droits de tous et qui accompagnent les victimes de tels délits.

Une psychologue de l’ANAV a pris en charge Jean-Marc. “L’association d’Aide aux victimes a développé un soutien psychologique personnalisé destiné aux victimes les plus graves, confirme Eric Camous, le procureur. Ce dispositif fait partie de la politique pénale mise en place depuis deux ans en matière d’aides aux victimes”. Profondément traumatisé, Jean-Marc, installé depuis seulement 5 ans sur Bizanet, a mis sa maison en vente. “J’adore ma maison sur laquelle j’ai fait de très gros travaux. J’apprécie les Corbières, la mer, les paysages sont fantastiques, mais je ne peux plus rester en Occitanie. Et d’autre part, je crains que mes plaintes ne soient requalifiées en harcèlement moral”.

Ces actes sont-ils signés d’un seul auteur ? L’enquête est en cours, la suite de cette affaire, aux relents de la France des années 30, sera définitivement judiciaire.  

Le soutien de la mairie

Le maire de Bizanet Alain Vialade a reçu Jean-Marc en mairie. “Je l’ai assuré de mon soutien et de celui de l’ensemble du conseil municipal. A 100 % ! Malheureusement nous ne disposons ni de caméra ni de police municipale. La 1 ere adjointe a rédigé un texte de soutien à publier sur les réseaux sociaux, c’est tout ce que nous pouvons faire…” déplore -t-il.  “La victime a orienté la gendarmerie vers un voisin malveillant, il faut que les dépôts de plainte suivent leurs cours maintenant”.

“Dans notre commune, nous sommes très ouverts : j’ai pacsé des homosexuels, célébré un baptême d’une fille devenue garçon. Nous ne faisons aucune différence en fonction ni des religions, ni des identités sexuelles. Ces faits sont ignobles. C’est inadmissible et regrettable pour l’image de Bizanet. Sur la commune, il y a plusieurs couples homosexuels. Je pense à des actes isolés, une poignée de personnes s’acharne sur cette victime en particulier. La victime a orienté la gendarmerie vers un voisin malveillant, il faut que les dépôts de plainte suivent leurs cours maintenant”.