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 d’ADHEOS

Ils sont 47 hommes dans le box, les 4 et 5 février, dans la capitale du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, avec près de 200 millions d’habitants. Tous sont accusés de "démonstration publique d’affection avec des personnes de même sexe", et pour ce seul motif, ils risquent dix ans de prison.
 
C’est la troisième série d’audiences de ce procès de masse qui a débuté à l’automne dernier devant la Haute cour fédérale de Lagos. Tous ces hommes ont été arrêtés il y a près de deux ans dans la boîte de nuit d’un hôtel de la ville. Et leur ligne de défense est simple : "Nous n’avons rien fait, c’était une simple fête d’anniversaire". En d’autres termes, la seule façon pour eux de s’en sortir, c’est d’apporter la démonstration qu’ils ne sont en rien homosexuels. Il ne faut surtout pas défendre un quelconque droit à l’orientation sexuelle de son choix. Ce serait peine perdue. Et ce procès est une première : jamais la loi qui, depuis 2014, interdit les relations homosexuelles au Nigeria, n’avait conduit à de pareilles poursuites devant la justice.
 
Un consensus homophobe
 
Le Nigeria est l’un des pays au monde les plus homophobes : il y a une sorte de consensus social et politique contre les homosexuels. C’est même l’un des rares sujets qui fait l’unanimité entre le sud du pays à majorité chrétienne et le nord à majorité musulmane. La situation, cela dit, est encore pire dans les provinces du nord, où la charia est appliquée : les homosexuels y risquent la peine de mort par lapidation.
 
Sans aller jusque-là, les homosexuels font en permanence l’objet de tabassage, de harcèlement, d’humiliation, de chantage, de discrimination à l’embauche, etc. Selon plusieurs études, plus de 90% des 200 millions de Nigérians considèrent l’homosexualité comme inacceptable et contre nature. Et cette violence sociale se double donc d’une violence d’Etat, avec notamment cette loi de 2014 qui criminalise l’homosexualité. Une loi vivement dénoncée par toutes les associations de défense des droits de l’homme.
 
L’homosexualité criminalisée dans plus de 30 pays africains
 
Globalement, sur le continent africain, la situation de la communauté homosexuelle est compliquée : dans plus de 30 pays, donc plus de la moitié des pays africains, les relations entre personnes de même sexe sont passibles de poursuites pénales. Et dans certains pays comme l’Ouganda, dans la région des Grands Lacs, la situation est catastrophique, avec un projet de loi qui a même été surnommé "Kill the gays" ("Tuez les gays" en anglais). La situation n’est guère meilleure au Kenya ou en Tanzanie, à l’est du continent. Ça évolue quand même, mais c’est très lent.
 
Le dernier pays en date à avoir dépénalisé l’homosexualité en Afrique, c’est le Botswana, au sud du continent, en juin dernier. On peut également citer, également au sud de l’Afrique, l’Angola ou le Mozambique : là encore, les lois anti-homosexuels ont été supprimées ces dernières années. Ce procès collectif au Nigeria est donc observé avec attention : il a valeur de symbole.