La victime, âgée de 35 ans, démolie psychologiquement n’est pas sûre d’avoir la force d’assister au procès qui se déroule mercredi et jeudi, à Montpellier.
On m’a fait du mal parce que je suis homosexuelle. Ce qu’ils m’ont fait tous les deux, je ne peux pas l’oublier", résume la victime, une jeune femme de 35 ans, démolie psychologiquement. "Cette histoire est dégueulasse. Ma cliente a subi des actes atroces. Un double viol, sexuel et dans sa vie privée, qui, de surcroît, avait une connotation corrective", insiste Me Philippe Terrier, l’avocat de la partie civile.
Cette affaire qui tombe en plein débat sur l’homophobie en France sera jugée aux assises de l’Hérault à Montpellier mercredi et jeudi. La victime affrontera alors une nouvelle fois ses deux bourreaux présumés, dont l’un est considéré comme récidiviste.
Soirée arrosée
Les faits ont eu lieu le 3 mars 2010 à Béziers, rue des Têtes. Ce soir-là, la victime qui travaille dans le milieu associatif, va, comme elle fait très souvent, donner un coup de main et apporter des repas chauds à des personnes en difficulté. Elle va rencontrer deux hommes avec qui elle va sympathiser. Ils vont boire un coup ensemble. Mais la soirée va dégénérer à cause d’une trop grande consommation d’alcool. Alors que la victime est rentrée chez elle accompagnée d’un des deux individus, celui-ci va appeler le second larron et lui demander de revenir avec une bouteille de plus.
Agression d’une rare violence
"C’était la bouteille de trop, l’alcool aidant, ils se sont jetés tous les deux sur cette pauvre fille qui venait de leur révéler son homosexualité. Ils l’ont violée, puis l’ont sodomisée en lui faisant jurer qu’elle n’aimerait plus jamais les femmes. Ça a été atroce. D’une rare violence. La victime a pu s’enfuir en sautant par la fenêtre. Est-ce une tentative de suicide ? Je ne sais pas. Mais elle est tombée sur le balcon des voisins qui ont appelé les secours", raconte Me Terrier.
"L’orientation sexuelle n’a rien à voir"
Ce même voisin a permis l’arrestation d’un des deux protagonistes qui tentait de prendre la fuite. "Mon client reconnaît les faits, assume son acte, assure pour sa part Me Emmanuel Le Coz, l’un des deux avocats de la défense. En revanche, il ne reconnaît pas avoir fait ça par rapport à l’orientation sexuelle de sa victime. À trois grammes, je suis certains qu’il ne pensait pas à ça. Je suis convaincu que cette circonstance aggravante ne tiendra pas."
Totalement détruite
Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, la victime n’arrive plus à se reconstruire, elle est totalement détruite. "Je ne suis pas sûre d’avoir la force d’assister à l’audience, a-t-elle regretté d’une voie atone. Pourtant, ce procès, je le veux, j’irai la peur au ventre. Mais je ne sais pas si je serai en capacité de les affronter de nouveau, de subir leur regard. Je vis un cauchemar au quotidien et le pire, j’ai honte alors que ce devrait être l’inverse."
La victime avait voué son existence à aider les autres. "Elle essaye de travailler, mais elle a un profond traumatisme, une destruction totale de sa personnalité qui n’arrive pas à s’estomper. Depuis, elle vit totalement prostrée, sans être sûre de venir au procès."
- Source MIDILIBRE