NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Elles ont entre 15 et 17 ans et connaissent leur orientation sexuelle. Homosexuelles ou bisexuelles, elles assument et le revendiquent. Certains profs et parents ont du mal à l’accepter.
 
Postées à l’extérieur du lycée Marguerite-de-Valois à Angoulême, Cindy, 16 ans, et une dizaine de copines. Parmi elles, des couples homosexuels. Elles se prennent dans les bras et se câlinent. «Les temps ont changé, elles s’assument et je suis heureuse pour elles», ajoute la jolie blonde, qui, elle, attend son petit copain.
 
Lya (1) a 16 ans et est en première littéraire. Elle, c’est certain, elle aime les filles et le revendique. «Je suis homosexuelle. Pour moi c’est sûr à 100 %, je ne me marierai jamais avec un garçon. Ils ne m’attirent pas du tout», affirme la brune, cheveux courts, style quelque peu masculin. Elle s’est rendu compte qu’elle aimait les filles au collège. À la même période, sa meilleure amie Mélanie commence à se poser des questions sur ses penchants amoureux. «C’est en me rapprochant d’elle que j’ai eu le déclic», explique la jeune fille de 16 ans en remontant ses cheveux châtains pour former un chignon décontracté. Sans tomber amoureuse l’une de l’autre, elles se sont tout d’abord confiées l’une à l’autre leurs histoires de coeur. Très vite, les lycéennes en ont parlé à leurs parents. «Ma petite soeur l’a découvert en fouillant dans mon téléphone. Je ne voulais pas que mes parents l’apprennent par elle, alors j’ai pris les devants», se souvient-elle.
 
Tout comme les parents de Lya, ils l’ont très bien pris. «Ils m’ont dit que ça leur était égal. Du moment que je suis heureuse, c’est le principal. Que ce soit avec une fille ou un garçon», confie Lya. Elle estime que «les filles sont plus tendres que les garçons». Mais elle avoue «qu’elles sont aussi plus jalouses et parfois plus cruelles».
 
«Les temps changent»
 
Si les parents de ces deux copines ont eu une réaction positive, la petite amie de Lya n’a pas eu la même chance. Léonore raconte que la mère de sa petite copine essaye de tout faire pour que leur relation s’arrête. «Lorsqu’elle a su, elle s’est braquée. Elle lui a confisqué son téléphone et son ordinateur. Cette année, elle l’a inscrite dans un autre lycée sous prétexte que je nuisais à sa scolarité. Elle m’a menacée et nous interdit de nous voir», explique un peu triste la joueuse de football.
 
Aline, elle, a découvert son homosexualité l’été dernier. «Avant je ne sortais qu’avec des garçons. Puis j’ai commencé à me poser des questions. Aujourd’hui, je me considère plus comme bisexuelle», confie-t-elle sur les genoux de sa petite amie. «Un coup, elle en a marre des gars, un coup elle en a marre des filles», taquine sa petite amie. Au lycée, leur homosexualité passe inaperçue.
 
«On est en 2013, les temps changent, c’est normal pour nous, c’est ancré dans notre époque», confie Mamadou, lycéen. Karim, jeune Angoumoisin de 30 ans, affirme et compare: «à notre époque, les homosexuels ne s’exhibaient pas, ils se cachaient et seuls les amis proches le savaient.» En revanche, certains professeurs ont des réactions extrêmes. «Un de mes professeurs ne m’adresse plus la parole depuis qu’il m’a vue avec une fille», explique Mélanie. Elle ajoute: «Dans la rue aussi parfois avec ma copine on nous menace et nous insulte, mais je sais quoi leur répondre, je ne me laisse pas faire.»
 
(1) Compte tenu de l’âge des témoins, tous les prénoms ont été modifiés.