Le Parlement chilien a approuvé mercredi un projet de loi sur la famille qui reconnaît l’union civile pour les homosexuels, une demande historique de la communauté gay dans ce pays très conservateur.
La loi crée l’"Accord sur l’Union civile" (AUC), largement soutenue par l’opinion publique après quatre années de tractations. Elle permet aux couples hétérosexuels ou homosexuels, vivant sous le même toit sans être mariés, le partage de leurs biens sur le plan juridique, le droit d’hériter ou de recevoir des pensions, et la possibilité d’être pris en charge dans le système de santé.
En cas d’incapacité d’un des parents biologiques, la garde des enfants sera attribuée en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant, et donnera la priorité aux partenaires ou conjoints, une mesure réclamée par les organisations de défense des droits homosexuels.
En outre, les mariages homosexuels, célébrés dans les pays où ils sont autorisés, seront inscrits au Chili sous le régime de l’AUC.
"Nous sommes heureux que l’État reconnaisse pour la première fois qu’un couple de même sexe peut également créer une famille et mérite une protection", a réagi le président de la Fondation Égalités, Luis Larraín.
Une fois promulguée, la loi passera devant la Cour constitutionnelle, avant un processus d’environ six mois pour en rédiger les règles concrètes. Puis les parties intéressées pourront prendre rendez-vous auprès des services de l’état civil pour célébrer leur union devant un juge.
La Présidente du Sénat, la socialiste Isabel Allende, a qualifié la loi d’"étape historique", qui permettra, selon elle, "d’avancer dans le respect, les droits et la dignité des personnes, et d’assurer qu’aujourd’hui personne ne soit victime de discrimination". Le projet était une promesse de campagne du président de droite Sebastian Piñera (2010-2014), et avait été soumis au Congrès en 2011.
La nécessité de cette loi était apparue après le choc provoqué par le meurtre sauvage de Daniel Zamudio, un jeune homosexuel en mars 2012 par des néonazis présumés.
L’association LGBT chilienne Movilh a qualifié cette loi de "pas historique contre les discriminations et pour l’avancée des droits humains".
Le Chili, un pays ultra-conservateur, a été un des derniers pays occidentaux à reconnaître le divorce en 2004 et n’autorise l’avortement sous aucune circonstance. En 1999, une loi punissant de prison les homosexuels pour "sodomie" a été abolie.
- SOURCE E LLICO