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 d’ADHEOS

 A la conférence sur le sida de Vienne, rencontre avec cette avocate camerounaise qui défend avec courage les homos dans son pays. Elle fait le lien entre répression de l’homosexualité et risques sanitaires.
 
 La discrimination peut tuer autant que le VIH. Le slogan de la conférence internationale sur le sida à Vienne «Des droits ici et maintenant» le rappelle à juste titre. Rencontre avec Alice Nkom, avocate, qui se bat pour les droits des homosexuels au Cameroun.

 
 
TÊTU: Quelle est la situation des gays au Cameroun?
Alice Nkom: En 2006, l’archevêque de Yaoundé a déclaré que les pratiques homosexuelles et les «promotions canapé» étaient la cause du chômage au Cameroun. Ce discours a déclenché une véritable chasse aux sorcières. On a ressorti un vieil article du code pénal, jamais appliqué avant, qui préconise de six mois à cinq ans d’emprisonnement pour les homosexuels. Pour moi, cette inscription est irrégulière au motif qu’elle viole la vie privée.
 
Comment sont les conséquences d’une telle loi?
Les arrestations sont complètement folles. J’ai défendu une trentaine de personnes depuis l’application de ces mesures. Deux des personnes que je vais défendre en août ont été arrêtées dans le hall d’un hôtel pour «suspicion de pratiques homosexuelles». Et les conséquences sont désastreuses pour les personnes contaminées par le VIH. Ils n’osent plus aller consulter, prendre leurs médicaments de peur de se faire «démasquer» par leurs familles.
 
Comment lutter contre cette situation?
Avant j’avais vraiment le sentiment d’être toute seule. Ici à Vienne, la communauté internationale a clairement exprimé que l’épidémie ne pourra pas être combattue tant que les droits des homosexuels ne seront pas respectés.
 
Qu’attendez-vous du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme?
Je souhaite qu’il engage des discussions sur les droits de l’homme avec les dirigeants des pays concernés au moment de l’attribution des subventions. C’est vraiment le moment de le faire.