Ils attiraient leurs victimes par des petites annonces dans un site de rencontres pour homosexuels puis les détroussaient au premier rendez-vous: quatre jeunes hommes ont été condamnés mercredi à des peines de prison allant jusqu’à cinq ans dont deux avec sursis.
Âgés de 20 à 22 ans, les quatre suspects étaient jugés par le tribunal correctionnel d’Evry pour avoir fait cinq victimes entre mars et avril 2014. Ces dernières répondaient à des petites annonces publiées par vivastreet.fr et accompagnées d’une photo d’un beau torse musclé: "Black cherche homme pour rencontre sans prise de tête", "jeune black cherche homme ou trans" ou "jeune couple cherche homme de 40 à 60 ans pour première expérience à trois"...
A chaque fois le même scénario: une fois le rendez-vous fixé, toujours au même endroit, à Paray-Vieille-Poste, un paisible village de l’Essonne, l’appât montait dans la voiture de la victime et la guidait vers une impasse à l’abri des regards. Une fois le contact coupé, un ou deux complices surgissaient pour braquer leur proie, la menaçant d’un taser, d’un couteau ou d’une arme de poing.
"L’idée, c’était de leur voler leurs biens", a expliqué à l’audience le jeune homme présenté comme le cerveau de l’opération, arrêté en flagrant délit par un policier qui s’était fait passer pour un homme intéressé par une rencontre. Pourquoi s’attaquer uniquement à des homosexuels ? "Certains de ces hommes sont mariés, pères de famille. Ce n’est pas facile pour eux de déposer plainte", a fait remarquer le juge.
"Est-ce que vous ne comptiez pas un peu là-dessus en ciblant des homosexuels ?" "Si", a fini par avouer du bout des lèvres l’un des prévenus. Pris par "un sentiment de honte et de culpabilité", certaines victimes ont en effet eu du mal à porter plainte. "J’ai peur que ma femme soit au courant de cette rencontre", dira un homme aux enquêteurs.
Une victime s’est fait voler sa voiture et d’autres, séquestrées dans leur voiture, ont été contraintes de faire des retraits avec leur carte bleue dans plusieurs distributeurs de la région. Pour justifier ces agressions, les prévenus ont tous opposé des besoins urgents d’argent. L’un voulait ainsi financer son permis de conduire. "Avec du recul, j’ai vu que ce n’était pas la bonne solution", a-t-il reconnu. Un autre souhaitait rembourser des dommages et intérêts qu’il devait payer pour une précédente condamnation…
Malgré le profil des victimes et le mode opératoire, le caractère homophobe n’a pas été retenu lors de l’instruction. Le procureur avait requis des peines allant de quatre ans dont deux avec sursis à cinq ans dont deux avec sursis. Ils risquaient sept ans d’emprisonnement
- SOURCE ELLICO