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 d’ADHEOS

Deux jeunes hommes de 19 ans et 21 ans ont été
condamnés mardi à des peines de 12 mois et 15 mois de prison avec sursis. On leur reprochait d’avoir frappé, tiré avec une arme à plomb et caillassé la voiture d’une homme d’une quarantaine d’années, venu se promener à proximité d’un bois connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles.
 
Les faits remontent au dimanche 17 mai. La victime se rend en voiture, dans ce lieu à proximité de Saint-Pierre Eynac, près d’une route départementale. Alors qu’il monte sur un talus pour, dit-il, "descendre un peu plus bas vers la rivière", il tombe nez-à-nez avec deux hommes, carabines à air comprimé en mains. A partie de là, les déclarations des personnes en présence divergent, de même que la nature de leurs propos. Ce qui est commun, c’est que très vite, des insultent fusent. Le promeneur est alors frappé à coup de crosse. Alors qu’il tente de rejoindre son véhicule, il essuie des tirs, dont un au niveau du dos. Mis en fuite, il est ensuite caillassé dans sa voiture, avant qu’il ne parvienne à se mettre en sécurité et à appeler les secours. Ses blessures lui vaudront 10 jours d’ITT, "sous réserve de complications psychologiques".
 
La question que se pose le tribunal correctionnel est de savoir si, oui ou non, cette agression revêt un caractère homophobe, alors même que les faits ont eu lieu à l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’homophobie.
 
A la barre, le plus actif dans les violences tente d’expliquer : "Je suis tombé nez-à-nez avec ce monsieur ; ça m’a fait bizarre. Il m’a dit : "Vous savez ce qu’il en coûte de viser les gens avec une arme". Tout de suite, je me suis braqué. Il ne voulait pas partir, alors je lui ai mis un coup".
Il ressort des diverses auditions (les deux prévenus étaient accompagnés de deux copains) que les agresseurs savaient pertinemment que les lieux étaient fréquentés dans le cadre de rencontres homosexuelles et qu’ils avaient choisi de s’y rendre pour "voir", pour "vérifier" et pour "faire peur" : "Ils avaient leurs armes, au cas où, car ils ne savaient pas sur qui ils pouvaient tomber" précise l’instruction.
 
Le tireur poursuit : "Je ne savais pas s’il (ndlr : la victime) était là pour avoir des relations homosexuelles. Ça aurait pu être n’importe qui d’autre, c’est le lieu qui m’a fait réagir comme ça".
 
Pour la partie civile, Me Diez, il n’y a aucune ambiguïté : "Ce jour-là, c’est une expédition punitive plus que gratuite qui a été menée. C’est l’intolérance qui les mène aujourd’hui devant le tribunal".
 
Le procureur de la République devait requérir des peines importantes "compte-tenu de la gravité des faits et du contexte d’intolérance", à savoir 18 mois de prison dont un an avec sursis pour chacun des prévenus : "L’altercation n’a pas eu lieu par hasard. Ils sont allés sur les lieux en connaissance de cause. Il voulait lui faire peur, l’impressionner en raison de ses orientations sexuelles réelles ou supposées. C’est une circonstance aggravante".
 
Pour la défense des deux jeunes hommes, Me Pierot et Me Bellut soulignaient les profils de leur client, "blancs comme neige sur le plan de la délinquance, travailleurs, avec des projets". Les conseils des prévenus s’attachaient également à démonter l’argument du geste prémédité en fonction de l’orientation sexuelle : "Il y a un échange de mots sans connotation sexuelle réelle ou supposée. Il est surpris et il voit rouge. Il y a un énorme doute sur la motivation de cette violence".
 
Le tribunal a finalement prononcé des peines de 15 mois (pour le plus actif) et 12 mois de prison avec sursis simple, compte-tenu de "la bonne insertion sociale et professionnelle" des jeunes hommes, tout en retenant la circonstance aggravante concernant l’orientation sexuelle réelle ou supposée de la victime.