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 d’ADHEOS

Deux prévenus qui avaient extorqué 2 000 € à un jeune homosexuel agenais «ciblé» sur Internet ont écopé de deux ans de prison, dont six mois ferme.
 
«A l’époque, je jouais mon caïd virtuel. Mais ce n’était que du blabla». Pour l’un de ses contacts sur le forum où l’homme sévissait, ce blabla aboutit pourtant à une très sordide fin de l’histoire. Le caïd et son complice comparaissaient hier devant le tribunal correctionnel d’Agen, pour être jugés comme acteurs dans une affaire bien glauque et bien réelle.
 
Tout a commencé en 2007 par des échanges sur la toile. Un jeune Suisse de 25 ans, habitant à Genève, se prend au jeu de ces amitiés virtuelles où s’engouffrent ceux que la solitude ou un mal vivre isolent. Il correspond avec un Agenais d’une vingtaine d’années, homosexuel comme lui, impatient de faire la connaissance du «Français», pseudo de celui dont il s’est épris. Il lui envoie plusieurs fois 200 euros afin de lui payer le voyage jusqu’en Suisse. Belle aubaine pour l’Agenais qui flaire le naïf amoureux. Il fait d’ailleurs des émules autour de lui et les forme à ce petit jeu douteux. Il parle un jour à l’un de ses amis, plutôt, lui, dans le style gros bras, de sa conquête sur le net. Les deux compères conviennent d’aller voir de plus près ce gogo tout trouvé et de l’alléger de quelques euros. Rendez-vous est fixé avec la cible à la gare de Genève où le «Français» rencontre le Suisse. Notre Agenais se fait aussitôt inviter dans l’appartement de son soupirant qui se retrouve vite ligoté à sa chaise. Car, entre-temps, le complice, qui avait suivi, s’était glissé subrepticement dans les lieux.
 
«Des faits odieux et pas du tout virtuels»
 
La victime, terrifiée par le gros couteau sorti par ce dernier, se laisse faire, donne son code et se fait subtiliser 2000 euros sans subir toutefois de violence physique. Ses deux agresseurs lui donnent ensuite la possibilité de se libérer avant de regagner leurs pénates agenaises.
 
Pour le procureur, ces «faits odieux mais pas du tout virtuels auraient mérité un mandat de dépôt». Mais quatre ans ont passé et il requiert trois ans de prison dont deux ans avec sursis. Me Roy plaidait pour celui qui est à l’origine de cette histoire, une «totale déconnexion de la réalité à cette époque». «Il s’est dissocié de ce personnage de caïd virtuel et assume désormais son homosexualité». Il demande que la peine soit totalement assortie d’un sursis simple. Tout comme Me Briat qui défend celui qu’il considère comme «les bras», par opposition à son co-prévenu «le cerveau» qui «lui a bidouillé avec le Suisse sur internet» et a pris le dessus sur «les bras» en gardant 1500 euros pour lui. Le tribunal a requalifié les faits de vol dans un local d’habitation et a condamné les deux hommes à deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis.