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 d’ADHEOS

Un couple de femmes, que TÊTUE a rencontré, dit avoir été agressé par les vigiles d’un centre commercial. Elles ont porté plainte, même si «les policiers leur ont conseillé d’abandonner car leur cas était sans importance».
 
«Certaines personnes n’iront pas au paradis.» Tout a commencé lorsque Bonisiwe Mtshali et Khanyisa Ndoda ont entendu cette réflexion, alors qu’elles s’embrassaient dans un centre commercial du centre de Johannesburg. Ce vendredi 13 juillet, comme tous les matins depuis près d’un an, Khanyisa, 21 ans, accompagnait sa petite amie au Carlton Center, où celle-ci travaille comme vendeuse. «On se tient parfois la main, et puis je lui fais un bisou pour lui dire au revoir. Comme n’importe quel couple», dit-elle.
 
Les jeunes femmes se retournent et constatent que le commentaire désobligeant a été émis par des vigiles du centre commercial. «Ils nous ont dit de dégager, et que nous devrions prendre une chambre d’hôtel si nous voulions nous embrasser, dit Bonisiwe, 28 ans. Je suis revenue sur mes pas et je leur ai demandé pourquoi ils nous parlaient de cette façon.» Les trois hommes l’auraient alors attrapée par les cheveux et entraînées à l’extérieur du centre commercial pour la frapper hors de la vue de la foule et des caméras. «J’ai reçu des coups à la tête et au ventre; ils m’ont jetée sur le sol, dit-elle. Ils disaient que je n’avais pas à me comporter comme un homme.»
 
«Les policiers leur ont conseillé d’abandonner les poursuites»
Les gardes, employés d’une société de sécurité privée, auraient ensuite emmené les deux jeunes femmes dans un bureau. «Là-bas, Bonisiwe a perdu connaissance, raconte Khanyisa. J’étais paniquée, mais pendant trois heures ils ont refusé de nous relâcher ou d’appeler un médecin. En se défendant, Bonisiwe avait, semble-t-il, griffé un des vigiles au visage et il disait que c’était nous qui allions avoir des problèmes avec la justice.»
 
Le jour même, certificat médical de coups et blessures en main, les deux femmes se rendent dans un commissariat de police pour porter plainte. «Les policiers leur ont conseillé d’abandonner les poursuites car leur cas était sans importance et elles auraient peu de chance de gagner, dit leur avocate, Mpho Nefuri. Avec une telle attitude, comment voulez-vous que les victimes se sentent protégées?»
 
Viols et meurtres se multiplient
Forum for the Empowerment of Women, une association pour la défense des droits des femmes, a aidé Bonisiwe Mtshali à payer les frais d’avocat. «Les attaques sur les homos semblent devenir une mode en Afrique du Sud, déplore Mpho Nefuri. On voit les agressions, les viols et les meurtres se multiplier, tandis qu’un sentiment d’impunité règne. Moins de 10% des plaintes aboutissent à une condamnation, souvent par manque de preuves ou parce que l’agresseur n’est pas identifié. Ici, nous connaissons les auteurs des coups et il faut que cette affaire soit portée devant la justice. Pour la dignité de la victime et pour sensibiliser l’opinion publique à ce que vivent les lesbiennes.»
 
C’est aussi pour cela que Bonisiwe Mtshali et Khanyisa Ndoda ont décidé de maintenir leur plainte. «Ce genre de chose arrive trop souvent, dit Khanyisa. J’en ai marre d’entendre des réflexions quand je me promène avec ma copine.» La direction du Carlton Centre a présenté ses excuses aux victimes. Mais le vigile griffé par Bonisiwe Mtshali lors de l’incident a également porté plainte contre elle pour coups et blessures. L’affaire passera une première fois devant le juge ce mercredi.