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 d’ADHEOS

Monsieur le Défenseur des droits,
 
En tant qu’association luttant contre les discriminations dont sont l’objet les personnes LGBTI et membre du Comité d’entente LGBTI du Défenseur des droits, nous voulons attirer votre attention sur un manuel scolaire destiné aux élèves de première SES (sciences économiques et sociales) édité en septembre 2019 par Belin éducation.
 
Dans ce livre, il est traité de la différence entre déviance et délinquance et, dans ce but, on demande aux élèves d’analyser :
« Pourquoi la frontière entre délinquance et déviance est-elle problématique ? Illustrez avec l’exemple de l’avortement et de l’homosexualité »
 
La demande d’illustration par « l’homosexualité » pose clairement problème car elle impose de fait que l’homosexualité soit classée à la frontière entre la délinquance et la déviance !
 
Cette rédaction est purement scandaleuse et inacceptable, l’homosexualité n’est ni un acte de délinquance ni une déviance ! De plus, cette formulation de texte anéanti tout le travail de prévention de notre association en milieu scolaire contre justement les préjugés sur l’homosexualité !
 
Ensuite, nous ne comprenons pas pourquoi l’avortement et l’homosexualité permettent d’«illustrer la frontière entre délinquance et déviance » L’avortement comme l’homosexualité sont légalement reconnus dans notre pays et ils ne peuvent en aucun cas être assimilés à de la déviance ou à de la délinquance !
 
Enfin, le pire reste à lire lorsque l’on y propose un dernier exercice, si vous n’aviez pas compris, qui consiste à déterminer ce qui doit être classé en déviance ou en délinquance à partir d’un certain nombre d’exemples et parmi eux figure « être transexuel(le) » ! :
 
« Classez les situations suivantes selon qu’elles relèvent d’un acte de délinquance ou de déviance aujourd’hui en France :
a) frapper violemment son voisin
b) Gifler sa fille devant son institutrice
c) être transsexuel(le)
d) voler un bœuf
e) casser un abribus
f) fumer dans les toilettes du train
 
Nous ne pouvons qu’être particulièrement choqué par la transphobie et la méconnaissance éducative totale écrite dans cet ouvrage !
 
La France, dès février 2010, a été l’un des premiers pays au monde à retirer officiellement "le transsexualisme" et les "troubles précoces de l’identité de genre" de la liste des affections psychiatriques. Elle a été suivie, en 2019, par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) qui a enlevé la transidentité des maladies mentales. Ici encore, celle-ci ne relève ni de la déviance, ni de la délinquance.
Vous comprendrez donc que nous ne puissions accepter qu’être une personne transgenre et/ou transsexuelle fût assimilée à être un voleur de bœuf, à un agresseur violent de son voisin ou d’une enseignante, à un casseur d’abribus, ou à un contrevenant dans les trains… c’est-à-dire à être une personne asociale. Les personnes transgenres méritent le respect de tous et ce n’est pas le cas dans ces comparaisons outrées.
 
Ainsi, force est de constater que cet ouvrage éducatif agit clairement contre la politique de prévention de l’homophobie et la transphobie clairement affichée par l’Education Nationale.
 
Dans ces conditions, nous vous saisissons officiellement pour que vous enquêtiez sur ce que nous considérons comme des propos homophobes et transphobes inacceptables à l’égard des personnes LGBTI dans l’ouvrage en question et en particulier parce qu’il est destiné à la jeunesse, en vous sollicitant d’agir en conséquence auprès de l’éditeur.
 
Nous vous informons également que nous nous réservons la possibilité d’une action pénale contre l’éditeur de cet ouvrage homophobe et transphobe édité en septembre 2019.
 
Restant à votre disposition pour tous renseignements complémentaires, et dans l’attente de votre réponse à notre demande urgente, nous vous prions de croire, Monsieur le Défenseur des droits, à notre très respectueuse considération.
 
  • FREDERIC HAY, Président d’ADHEOS