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 d’ADHEOS

Lamine, jeune homosexuel menacé de mort dans son pays, interpellé samedi à Toulouse avec de faux papiers, s’est vu refuser sa demande d’asile politique. Il devrait être renvoyé au Sénégal dès demain.
 
«Je pensais que la France était un pays qui respectait les droits de l’homme». Affaibli et dépité, Lamine (prénom modifié) est sorti du Tribunal de Grande Instance de Toulouse, hier après-midi, après son audition par le juge des libertés et de la détention. Interpellé samedi dernier par la police aux frontières à l’aéroport de Blagnac, ce Sénégalais de 25 ans risque d’être réacheminé dès demain dans son pays d’origine où il a reçu des menaces de mort en raison de son homosexualité. Débouté de sa demande d’asile, le jeune homme, contacté par téléphone, ainsi que les associations qui le soutiennent affichent leur surprise quant au caractère expéditif de la procédure.
 
«Vivre sa sexualité sans être torturé»
 
Tout commence en février 2008 suite à la publication par le magazine people sénégalais Icône de photos mettant en scène la cérémonie symbolique d’un mariage gay. A l’époque cinq homosexuels sont arrêtés et condamnés par les forces de l’ordre. Présent sur les clichés, Lamine, lui, affirme avoir été attaché et battu. «On m’a jeté de l’eau bouillante sur les bras, j’en garde encore les cicatrices (voir photo). Mes grands frères et leurs amis avaient prévu de me tuer, de me brûler vif avec des pneus et de l’essence.» Ce bénévole d’une association de lutte contre le sida prend alors la fuite dans le sud du pays, puis en Gambie où il rejoint d’autres gays en exil et se confronte à l’homophobie d’Etat. Le 12 avril dernier, lui et ses amis subissent une descente de police: «Le président Yaya Jameh nous a donné un ultimatum de trois jours pour quitter son territoire. Ne sachant pas où partir, je n’ai eu d’autre choix que de rentrer au Sénégal.»
 
Lamine tente à plusieurs reprises d’obtenir un visa touristique pour la France et la Belgique. En vain. Il explique alors ne pas avoir eu d’autre choix que de voyager avec de faux papiers, «afin de vivre (sa) vie sexuelle librement, sans répression, sans être torturé ou avoir à encourir des peines de prison». A son arrivée à Toulouse, samedi 21 juillet, la PAF aurait insisté pour le remettre dans l’avion, les pleurs du jeune homme dissuadant finalement l’équipage de l’embarquer. Placé en zone d’attente internationale, Lamine subit un interrogatoire téléphonique de l’OFPRA qui lui notifie très rapidement un refus de sa demande d’asile. Conclusions de l’établissement public: l’immigré sénégalais n’apporterait pas de preuves tangibles selon lesquelles sa vie serait menacée dans le pays d’origine et son discours apparaîtrait désorganisé. Ce qui n’étonne pas vraiment l’ANAFE (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) soutenant qu’«il est normal de se laisser impressionner par un interrogatoire très laconique et par téléphone d’une quinzaine de minutes».
 
Recours
Selon l’association en charge du dossier du jeune homme, plusieurs vices mettraient d’ailleurs à mal la procédure d’expulsion: les droits de Lamine lui auraient été notifiés seulement un jour après son interpellation; les officiers de la PAF lui auraient fait signer des documents sans lui laisser le temps de les lire; les autorités auraient omis de proposer la visite d’un médecin…
 
Néanmoins, les défenseurs ne sont pas optimistes. L’ANAFE devrait déposer d’ici la fin de la journée «un recours contre le refus d’admission sur le territoire au titre d’asile» auprès du tribunal administratif de Paris, seul compétent en la matière. Et, par la même occasion, offrir au jeune gay sénégalais la possibilité d’étoffer son dossier. Sans quoi Lamine rejoindrait Dakar avant la fin de la semaine. Au Sénégal, l’homosexualité est passible de 1 à 5 ans d’emprisonnement et de 100.000 à 1,5 million de Francs CFA (153 à 2300 €)