NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Jeudi, un riverain a stoppé, près de l’avenue de Verdun (Xe), quatre ados recouvrant de peinture blanche des escaliers arc-en-ciel en soutien à la cause LGBT. Il témoigne avant d’aller déposer plainte ce mardi, comme l’a déjà fait la Ville de Paris, pour « acte homophobe ».

Il a entendu fuser « pédé ! ». Le jeudi 8 mai au soir, pour se rendre chez son conjoint, Sébastien, 39 ans, emprunte les escaliers situés au bout de l’impasse Boutron à Paris (Xe). Ce musicien se retrouve face à quatre adolescents occupés à repeindre en blanc des escaliers décorés cet hiver aux couleurs de l’arc-en-ciel, en soutien à la cause LGBT. Les quatre jeunes déjà bien avancés dans leur besogne.

Il tique. « Je comprends immédiatement ce qu’ils font, surtout que deux jeunes filles leur disent d’arrêter. » Deux habitantes de l’immeuble voisin, impuissantes derrière un grillage. « J’interpelle ceux qui sont en train de peindre et leur demande ce qu’ils font, ils me lancent des insultes, me traitent de pédé », reprend Sébastien. Le passant prend des photos en guise de preuves. « Ils m’ont intimé de ne pas filmer en hurlant, je leur ai dit qu’ils savaient très bien ce qu’ils faisaient, se remémore-t-il. Car l’un d’eux, en plus, était aussi en train d’arracher un sticker de l’association SOS homophobie. »

Des complices pour faire le guet

Gênés par les images sur le téléphone et l’intervention de Sébastien, les jeunes décident de filer. « Ils étaient bien préparés car plusieurs autres complices faisaient le guet, ils avaient un bac anti-coulure, des rouleaux, et un énorme pot de peinture », relate celui qui les a mis en fuite.

Les deux jeunes, filles, elles, sont soulagées. « Elles m’ont dit qu’ils les avaient menacées d’écrire leur nom et celui de leurs sœurs si elles appelaient la police », avance Sébastien.

Les auteurs auraient été reconnus par les jeunes filles. Ils seraient selon elles scolarisés au collège Valmy situé à un peu plus de 200 m de l’escalier. « Sur mes photos on voit très bien leurs visages, il suffit d’aller avec dans leur établissement scolaire pour récupérer leur identité », affirme Sébastien.

Contactés à deux reprises par Sébastien, les policiers arrivent au bout de 45 minutes d’attente. Les deux jeunes filles sont alors parties. « Les agents n’ont pas voulu que je leur transmette mes photos. J’ai insisté et ils ont fini par prendre une photo de mon écran mais bon… La qualité n’est pas la même. »

Mobilisé pour défendre « sa » communauté, Sébastien va déposer une main courante ce mardi et tenter à nouveau de transmettre les clichés en sa possession. « Les insultes c’est toute ma vie mais cet escalier, c’est important, ça nous visibilise, glisse-t-il. Je me sens concerné. Durant ma jeunesse je n’avais que la caricature de la Cage aux Folles pour modèle. Alors ces marches arc-en-ciel, symbole LGBT, cela permet de montrer que l’on existe dans l’espace public. Le recouvrir de blanc c’est un acte homophobe évident. Et il y en a de plus en plus. »

De son côté, la municipalité a déjà déposé plainte pour dégradation. Et la maire socialiste du Xe arrondissement, Alexandra Cordebard, « outrée », va également déposer plainte en son nom pour homophobie. « Les escaliers seront repeints en arc-en-ciel, mais pas avant la fin juin a priori, le temps de choisir un entrepreneur, indique-t-on au cabinet du Xe. Il faut laisser en l’état le temps des constatations de police, puisqu’une enquête est en cours. »