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 d’ADHEOS

Pierre de Givenchy, 84 ans, a été aspergé de gaz lacrymo mercredi, dans une église, par un militant droitier de 22 ans, ancien soutien de l’adjoint à la sécurité du maire UMP de la ville.
 
 
Dans la très paisible ville d’Orléans (Loiret), un prêtre de 84 ans vient d’être agressé à la bombe lacrymogène. Et ce n’est pas l’acte d’un anticlérical primaire ou d’un pilleur de troncs, mais celui d’un jeune militant droitier, ancien soutien de Florent Montillot (UDI), l’adjoint à la sécurité du maire UMP d’Orléans, Serge Grouard. Une sacrée pierre dans le jardin de cet élu, partisan acharné du tout sécuritaire et qui a fait d’Orléans, en deux mandatures, un véritable laboratoire observé jusque dans les rangs du Parti socialiste.
 
Les faits se sont déroulés mercredi, en milieu de journée, dans l’enceinte de l’église Notre-Dame-de-Recouvrance, un édifice du centre-ville livré aux catholiques intégristes qui viennent y écouter la messe en latin. Mais pas seulement. Le site côtoie le centre Recouvrance, lieu de dialogue interculturel et interreligieux. On y croise des protestants, des bouddhistes, des musulmans et des catholiques modérés. Les rencontres s’animent autour d’activités culturelles variées. Une situation difficilement acceptable pour cette frange religieuse ultraréac. «Mon agresseur est obnubilé par ces activités interreligieuses, confirme Pierre de Givenchy, le prêtre agressé. Il voulait nettoyer les lieux, je le lui ai interdit. Il m’a aussitôt agressé. Pour lui, je dois représenter le démon.»
 
Campagne interne de l’UDI et billets vachards
 
Lui, c’est Louis-Benoît Greffe, un étudiant de 22 ans. A l’été 2013, il avait prêté main-forte à Florent Montillot à l’occasion de la campagne interne de l’UDI. Une activité qui s’était traduite par la publication, sur Internet, de billets vachards à l’encontre de ses concurrents et, surtout, par sa présence sur la liste du futur conseil départemental. «Il était agressif, au point de nous imputer un certain nombre d’irrégularités, raconte Pascal Vilain, candidat malheureux – et modéré – face à Montillot. J’ai fait la connaissance de M. Greffe à l’occasion de ces attaques, qui ne me visaient pas seulement. Des collègues, notamment féminines, avaient été attaquées de manière inacceptable.»
 
Joint par Libération, Louis-Benoît Greffe reconnaît l’agression contre le prêtre, mais plaide pratiquement la légitime défense. «M. Givenchy embête le monde depuis au moins trois ans. Dans cette chapelle de catéchisme où l’on fume et l’on boit devant l’autel, j’ai vu une scène de théâtre où une femme déblatérait sur la vie, assise sur des water-closets. Il n’y a pas d’autres lieux pour ça ?» s’indigne ce centriste autoproclamé.
 
Quand il ne fréquente pas la communauté intégriste, Greffe est «journaliste indépendant» par opposition à «une certaine presse».Il publie, sur des sites de «réinformation», des brûlots enthousiastes sur le Jour de colère, fustigeant «la rafle» dont il a lui-même fait l’objet, s’estimant victime d’une répression sournoise et ciblée. «Je défends le petit peuple et les prolétaires. Pour moi, la lutte des classes a un sens.» Un personnage troublant (et troublé), à l’image de Florent Montillot, son ex-mentor. Contacté par Libération, ce dernier n’a pas souhaité donner suite.