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 d’ADHEOS

En visite au centre LGBT d’Orléans, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé que le gouvernement allait débloquer 3 millions d’euros pour les centres LGBTQI, et créer avant la fin de l’année le poste “d’ambassadeur LGBT”.

Il aura fallu que la loi abrogeant la répression de l’homosexualité fête son quarantième anniversaire pour que le gouvernement pose la première pierre de la politique LGBTQI+ du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Ce jeudi 4 août, la Première ministre Élisabeth Borne, en fonction depuis le 16 mai dernier, s’est rendue à Orléans pour rencontrer les associations du centre LGBTQI+ de la capitale de la région Centre Val-de-Loire. Et elle en a profité pour dévoiler les premières mesures de son gouvernement en faveur de l’égalité des droits et de la lutte contre l’homophobie.

D’abord, à cette date si particulière, la Première ministre a souhaité “célébrer les 40 ans de la dépénalisation” avec les associations. Depuis le régime de Vichy jusqu’en 1982, la justice française a condamné, au nom de l’article 331 du Code pénal, des milliers d’homosexuels, entraînant leur persécution policière. En juin, têtu· lançait une pétition pour suivre l’exemple norvégien et reconnaître cette tache de l’histoire de France. Il semblerait pourtant que ce ne soit pas au programme du gouvernement, puisque si Elisabeth Borne a défendu toutes les “avancées” réalisées depuis la loi de 1982 – et notamment le bilan du précédent quinquennat Macron sur les questions LGBTQI+ -, elle n’a pas annoncé son intention de reconnaitre les victimes de la répression de l’homosexualité.

Subvention aux associations

Toutefois, la Première ministre n’était pas venue sans propositions. D’abord, elle a affirmé que le gouvernement allait débloquer une enveloppe pour tous les centres LGBTQI+, afin de les aider à se développer, et favoriser la création de nouveaux centres dans des villes qui n’en sont pas encore dotées. Un fonds de trois million d’euros pour “pour créer 10 nouveaux centres et renforcer les 35 qui existent déjà”. L’objectif du gouvernement est d’avoir deux centres LGBT+ minimum dans chaque région de l’hexagone, et un dans chaque région d’outre-mer. “Ces centres sont un point d’entrée pour de nombreuses personnes qui ne savent pas vers qui se tourner” a justifié la Première ministre.

Borne a également annoncé que la promesse de Macron de nommer un poste d’ambassadeur dédié à la promotion des droits LGBT+ serait tenue d’ici la fin de l’année. “Les droits LGBT ont été remis en cause sur le sol européen, ce n’est pas acceptable” a -t-elle jugé. Cet ambassadeur “coordonnera l’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour la défense et la promotion des droits LGBTQI+ et défendra notamment la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité” a précisé Élisabeth Borne. “J’en prends l’engagement, le combat du gouvernement pour les droits LGBTQI+ va se poursuivre et s’accélérer.”

Polémique Cayeux et Monkeypox

Ces annonces interviennent alors que le gouvernement est sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines. D’abord, la gestion de l’épidémie de variole dite “du singe” est étrillée par les assos de santé communautaires, et notamment, l’ouverture tardive de la vaccination pour les hommes homosexuels multipartenaires – population la plus à risque. Après de nombreux atermoiements, plus de trente mille doses du vaccin – dont les stocks sont détenus par l’armée – ont été distribués, mais les rendez-vous sont difficiles à obtenir.

Ensuite et surtout, Caroline Cayeux, la ministre des Collectivités territoriales, a provoqué un tollé en tentant de justifier ses positions passées sur le mariage pour tous. La maire de Beauvais avait affirmé à l’époque que l’ouverture du mariage aux couples de même sexe était “contre-nature“. Des propos qu’elle a “maintenus” sur Public Sénat, affirmant avoir beaucoup d’amis parmi “ces gens-là”. Des propos qui lui ont valu d’être appelée à démissionner par une grande partie de la gauche. Ses excuses, dans Le Parisien, et ses collègues ministres n’ont pas suffi à calmer la colère, puisque plus tôt cette semaine, une manifestation était organisée devant l’Assemblée nationale pour réclamer sa démission.

Je pense qu’elle a eu l’occasion de s’expliquer dans une interview pour présenter ses excuses aux personnes qui ont pu être choquées, pour réaffirmer qu’elle partageait totalement les valeurs progressistes que porte le président, que je porte et que porte mon gouvernement, et qu’elle sera très vigilante à l’avenir au soutien qui peut être apporté à toutes les associations qui luttent contre les discriminations, et notamment contre l’homophobie“, avait alors commenté Elisabeth Borne. “Je pense que les choses sont désormais claires et Caroline Cayeux, comme le reste du gouvernement, est au travail et concentrée sur sa mission.” La présence au gouvernement de deux ministres au passé anti-mariage pour tous, Christophe Béchu et Gérald Darmanin, est également décriée.