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 d’ADHEOS

Depuis son retour au pouvoir, le Premier ministre Robert Fico a engagé la Slovaquie dans une trajectoire inquiétante, multipliant les offensives pour restreindre les droits des personnes LGBTQ+ et imposer une ligne conservatrice à la vie culturelle, au nom de la « protection des traditions » et d’une souveraineté nationale opposée aux normes européennes.

Une réforme constitutionnelle controversée

Au printemps, le gouvernement populiste a présenté au Parlement un projet d’amendement à la Constitution. Il prévoit de limiter la reconnaissance légale à deux sexes, homme et femme, de réserver l’adoption aux seuls couples hétérosexuels mariés et d’introduire une clause de primauté du droit slovaque sur le droit européen dans tout ce qui touche à la famille, l’identité et la morale publique.

Le texte inclut également une disposition dite de « clause de conscience » permettant à un professionnel de refuser un acte légal, comme un soin ou un service. Une mesure qui pourrait restreindre encore davantage l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) notamment, déjà difficile dans plusieurs hôpitaux du pays.

Prévu pour l’été, le vote a été reporté à septembre faute de majorité qualifiée. Robert Fico a toutefois réaffirmé son intention de faire adopter la réforme, présentée comme un rempart contre le « progressisme occidental ». Amnesty International et le Conseil de l’Europe dénoncent une régression majeure qui « écraserait » les droits des minorités.

La culture dans le viseur du gouvernement

La ministre de la Culture, Martina Šimkovičová, a parallèlement écarté plusieurs figures majeures du secteur, dont le directeur du Théâtre national et la directrice de la Galerie nationale, accusés de promouvoir une « idéologie progressiste ». Les subventions aux projets liés aux droits LGBTQ+ ont été supprimées.

Ces décisions ont déclenché une vague de contestation. Des manifestations ont ainsi rassemblé plusieurs milliers de personnes à Bratislava, et une pétition a recueilli près de 180 000 signatures. Les milieux artistiques dénoncent une volonté d’imposer une ligne unique et de réduire au silence les expressions jugées dissidentes.

Un test pour l’Europe

Pour l’Union, l’enjeu est crucial. Cette trajectoire rapproche la Slovaquie de la Hongrie et de la Pologne. Sur le plan juridique, l’affirmation de la primauté du droit national remettrait en cause l’architecture communautaire. Sur le plan politique, ces reculs fragilisent la crédibilité de l’Europe lorsqu’elle se pose en garante des libertés.

Le débat revêt donc une dimension symbolique. Si le Parlement adopte la réforme, la Slovaquie deviendrait le premier État membre à inscrire constitutionnellement la discrimination, risquant d’inspirer d’autres gouvernements. À l’heure où l’Union européenne discute d’élargissement et de démocratie, le mois de septembre s’annonce décisif.

Des appels circulent déjà pour interpeller les eurodéputés, mobiliser la Commission européenne et organiser des rassemblements symboliques devant les ambassades slovaques, afin de rappeler que la protection des minorités est une valeur centrale de l’Union.

Source : stophomophobie.com