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 d’ADHEOS

Avec le Massachusetts, New York ou encore l’Illinois, le Golden State estime que les enquêtes déclenchées par le ministre de la Justice contre les cliniques proposant d’accompagner les transitions de genre sont une tentative «inconstitutionnelle» de l’Etat fédéral de régenter la médecine.

La Californie, Etat honni par la Maison Blanche, et une quinzaine d’Etats démocrates ont annoncé vendredi poursuivre l’administration Trump en justice, pour contester sa tentative d’interdire aux professionnels de santé de fournir des traitements de transition aux mineurs transgenres. Un sujet qui provoque de profondes crispations aux Etats-Unis, pays en proie à d’intenses guerres culturelles.

Donald Trump a fait de sa transphobie un argument majeur de campagne. Lors de son retour à la Maison Blanche, il a promis d’en finir avec le «délire transgenre» et a notamment signé un décret assimilant ces traitements à une «mutilation», et ordonnant au ministère de la Justice d’enquêter sur les cliniques fournissant ces soins. Sous la pression, plusieurs cliniques de ce genre à travers tout le pays ont fermé leurs portes ou suspendu leurs services.

Une décision «cruelle et irresponsable»

«Les attaques incessantes du président et de son administration contre les soins affirmant le genre mettent en danger des adolescents déjà vulnérables dont la santé et le bien-être sont en jeu», a accusé le procureur général de Californie, Rob Bonta, dans un communiqué annonçant la plainte fédérale. La volonté du gouvernement d’interdire les traitements de transition est «cruelle et irresponsable», a-t-il ajouté.

La plainte, notamment soutenue par l’Etat de New York, l’Illinois et le Massachusetts, estime que les enquêtes menées par le ministère de la Justice «reflètent une tentative inconstitutionnelle d’empiéter sur le pouvoir des États de réglementer la médecine». Plusieurs Etats américains, dont la Californie, garantissent par la loi l’accès aux traitements de transition, qu’ils soient hormonaux ou chirurgicaux.

Moins de 16 % des détransitions justifiées par un doute sur le parcours

De nombreux experts, patients et militants transgenres assurent que ces traitements permettent de diminuer le stress, les questionnements identitaires et les pensées suicidaires parfois liées à la dysphorie de genre. Mais leur utilisation croissante chez les mineurs a suscité une levée de boucliers aux Etats-Unis, en particulier dans les milieux les plus conservateurs, où l’on s’inquiète que des enfants puissent y recourir trop tôt et en viennent à regretter leurs choix. Une panique morale sur laquelle avait enquêté Libération, citant une étude de 2022 relevant que, sur 28 000 adultes interrogées sur leur détransition, seuls 15,9 % l’avaient fait en raison de doutes sur leur démarche.

La moitié des Etats américains, par exemple le Texas dès 2023, a interdit l’accès à ces traitements aux mineurs transgenres. En juin, la Cour suprême à majorité conservatrice leur a donné raison, en estimant que l’interdiction en vigueur au Tennessee ne relève pas d’une discrimination médicale. Sur 1,6 million de personnes se définissant comme transgenres aux Etats-Unis, un peu plus de 300 000 sont âgées de 13 à 17 ans, selon une étude du Williams Institute, groupe de réflexion de l’université UCLA.