NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

L’Algérie lance une campagne contre la vente d’articles « aux couleurs LGBT ». Une initiative qui choque et étonne : le pays n’a-t-il pas d’autres priorités

Ce 3 janvier marque le lancement officiel de la « croisade » contre les couleurs LGBT voulue par le ministre du Commerce, Kamel Rezig. Elle durera toute une semaine et, pour les besoins de cette « cause sacrée », le ministère a mobilisé les 9 directions régionales et les 58 wilayas du pays.

Lors de son allocution prononcée le 2 janvier au siège du ministère à Alger, Kamel Rezig a fait part de sa détermination à en finir avec « ces produits sur lesquels sont apposés des symboles et des couleurs qui portent atteinte à la religion et aux valeurs morales du peuple algérien ». En application de l’article 19 de loi 03-09 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, il a fièrement exhibé la saisie de 38 542 articles portant ces couleurs et symboles, dont des articles scolaires, des jouets d’enfants ainsi que 4 561 exemplaires du Coran, comme le rapporte le quotidien arabophone Ennahar.

Aux yeux du ministre, ces symboles et couleurs ciblent les jeunes générations : « Il faut arrêter la propagation des produits contenant ces couleurs et symboles porteurs des mêmes connotations et visant à incruster les mêmes idées chez les jeunes générations », a-t-il asséné estimant que protéger le consommateur est de « la responsabilité de tous. D’abord du consommateur qui ne doit pas acheter ces produits. Puis de l’importateur qui doit s’engager à ne pas ramener ces produits. Et enfin des services de contrôle ».

Le 26 décembre 2022, le ministère du Commerce a annoncé le lancement de cette campagne ayant pour slogan « Protégez votre famille, méfiez vous des produits qui portent des couleurs et des symboles contraires à l’Islam et à nos valeurs morales ».

Cette décision de Kamel Rezig réputé pour ses sorties populistes, n’a pas échappé à la raillerie de certains internautes algériens. « C’est fini les couleurs, c’est fini l’arc-en-ciel », ironise Kaci Tansaout, un militant politique, sur sa page Facebook. « Comme s’il n’y avait que ça à faire au ministère du Commerce », glisse Ramdane Iftini, libraire et réalisateur, avec Sami Allam, du film documentaire Hnifa, une vie brûlée consacré à la chanteuse kabyle décédée en 1981 en France.

Discours obscurantistes

Scandalisée, la scénariste et réalisatrice Sofia Djama n’a pas caché sa colère : « Et que fera Rezig un beau jour de pluie ensoleillé ? La régression, le sous-développement, l’obscurantisme, l’ignorance, la médiocrité, le repli, le populisme, l’extrémisme (…). Chaque jour l’Algérie est humiliée un peu plus à cause de ce genre de décisions », s’est-elle emportée lâchant, dans une vidéo, avoir « honte », et reprochant au ministre de porter des « discours obscurantistes, populistes et de repli ». « Bravo !!! Rezig veut islamiser le commerce algérien, pour cacher son incompétence !!! », a raillé un autre internaute.

L’homosexualité est considérée comme un délit par la loi algérienne. L’article 338 stipule que « tout coupable d’un acte d’homosexualité est condamné à un emprisonnement de deux mois à deux ans, et au paiement d’une amende qui varie entre 500 à 2000 dinars ».

L’article 333 punit « toute personne qui commet un outrage public à la pudeur » et si cet « outrage » est commis avec « un individu du même sexe », la peine encourue est un « emprisonnement de six mois à trois ans et une amende de 1 000 à 10 000 dinars ».

-SOURCE: jeuneAfrique