NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

 Etudiant en psychologie à l’université de Namur, Dominique Goblet prépare un mémoire sur les homosexuels en situation de handicap. A la «marge de la marge», ceux-ci sont victimes d’une double discrimination.
 
 TÊTU: Quel est l’objectif de votre enquête consacrée aux homosexuels en situation de handicap ?

 
Dominique Goblet: Le sujet est très peu étudié et globalement la société peine à envisager que les personnes handicapées ont une vie sexuelle. L’université de Namur a déjà mené une réflexion sur la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap mais le cas des homosexuels était peu abordé. De même, le livre blanc du handicap fait état d’un colloque sur le sujet et sur 250 pages, 25 lignes à peine étaient consacrées aux homos. Je souhaite donc mener l’étude la plus large possible et me baser sur un grand nombre de témoignages. Mes objectifs sont par exemple d’analyser comment les personnes qui «cumulent» handicap et homosexualité revendiquent et affirment leurs vies affectives, si elles ont plus de tabous que les autres homos ou si elles subissent une double discrimination.
 
Les homos ont tendance à être en quête d’un corps idéal qui s’accommode mal du handicap. Les premiers témoignages que vous avez recueillis évoquent ce sentiment de double discrimination…
Oui, certains homos en situation de handicap expliquent se sentir comme «une minorité dans la minorité» ou à «la marge de la marge». Ils sont rejetés comme homo dans l’ensemble de la société et comme handicapé dans la communauté gay. Beaucoup souffrent ainsi d’isolement et de solitude. Très peu de lieux gays sont accessibles aux handicapés, le Marais n’est par exemple pas adapté à un fauteuil roulant. A Madrid ou Barcelone, au contraire, de nombreux bars, boites et saunas gays ont fait des efforts. Beaucoup d’homos handicapés ne font des rencontres que sur Internet mais un témoin nous a par exemple raconté que ses interlocuteurs mettent souvent fin à la conversation quand il évoque son handicap. Le rapport au corps parait plus compliqué pour un handicapé quand il est homosexuel. Les homos ont tendance à être en quête d’un corps idéal qui s’accommode mal du handicap. On note ainsi moins de couples «mixtes», entre personne valide et personne handicapée, que chez les hétérosexuels.
 
Les homos seraient-ils intolérants envers les personnes handicapées?
Certains estiment que la communauté homosexuelle est particulièrement intolérante mais on peut aussi penser que les problèmes soulevés par les gays et lesbiennes handicapés reflètent les peurs et les retards de la société toute entière. Et il faut nuancer, les témoignages font apparaître beaucoup de diversité. De même, toutes les associations gays ou lesbiennes que j’ai contactées ont immédiatement accepté de diffuser l’enquête et se sont montrées concernées par le sujet. Ce n’est pas le cas de certaines associations d’handicapés qui ont refusé et montrent plus de résistance à aborder l’homosexualité.