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 d’ADHEOS

 Pour défendre l’Eglise catholique «victime» des scandales de pédophilie, le député UMP attaque une nouvelle fois l’homosexualité sur son blog, si proche de la pédophilie qu’il serait «grossier» de les dissocier

 
Tourmentée par les scandales de pédophilie, scandaleusement défendue par le cardinal Bertone qui désigne les homosexuels comme «le vrai problème», l’Eglise catholique sait pourtant qu’elle peut toujours compter sur ses traditionnels soutiens. En France, même si l’Etat a condamné les propos de Bertone, l’un de ses principaux défenseurs siège pour l’UMP à l’Assemblée nationale et se nomme Christian Vanneste. Sur un billet de son blog le 30 avril, repris récemment par une revue catholique critique, il livre des «réflexions sur l’Eglise et la pédophilie»… sa position ne surprendra personne.

 
 
«L’atelier sémantique gay a inventé la prise de judo conceptuelle la plus efficace: la pédophilie est un crime. L’homosexualité une vertu», attaque d’emblée le député. «Première victime, l’Église catholique coupable deux fois pour avoir pratiqué la première et condamné la seconde. Victime au carré: le cardinal Bertone pour avoir dit tout haut qu’il y avait des rapports entre l’une et l’autre: complice et maladroit, dit-on.»
 
Un opposition «grossière et hypocrite»
«Un peu de sérieux donc», poursuit Christian Vanneste: «l’éphébophilie, ce que l’on appelait naguère la pédérastie, c’est-à-dire l’attirance des hommes pour les adolescents pubères mais ambigus de traits, ne commence ni ne s’arrête à 15 ans. C’est à la fois le comportement le plus répandu chez les prêtres réputés pédophiles et un comportement toléré dans certaines sociétés et à certaines époques. C’est aussi, de loin, celui qui est le plus présent dans l’art et la littérature. Autrement dit le lien et même la confusion qui règnent entre l’homosexualité et l’éphébophilie est patent. C’est ce qu’a dit justement Bertone.» Plus loin, il affirme que «l’opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité» est «une coupure sémantique à la fois grossière et hypocrite»…
 
«Une société lucide sur son avenir devrait avant tout ne porter d’intérêt qu’à l’hétérosexualité (…) Le reste appartient à la psychologie voire à la psychiatrie (pour la pédophilie) non à la politique, ni au droit.» Christian Vanneste
 
Le député UMP estime aussi «conclure de manière logique» en répétant son opposition aux droits des homosexuels: «Une société lucide sur son avenir devrait avant tout ne porter d’intérêt qu’à l’hétérosexualité tendant à la création de familles les plus stables possibles. Le reste appartient à la psychologie voire à la psychiatrie (pour la pédophilie) non à la politique, ni au droit», écrit-il.
 
La pédophilie «n’a rien à voir en soi avec l’homosexualité»
Le blog de Golias, revue catholique mais très critique envers le Vatican, condamne ces propos de l’«ultraréactionnaire» Vanneste, qui «amalgame des choses en soi différentes» «en oubliant qu’une structure psycho-affective est bien spécifique. Et n’a rien à voir en soi avec l’homosexualité ou l’hétérosexualité.»
 
Rappelons que les propos du cardinal Bertone, mi-avril (lire article), avaient eux-même été condamnés par une association de victimes de prêtres pédophiles américaine, la SNAP qui y avait vu une tentative de «diversion» de la part du Vatican. «Ce sont des propos calculés, comme le sont souvent les assertions erronées et accusatrices de tant de responsables de l’Eglise qui cherchent à trouver un bouc émissaire, parmi les journalistes, les avocats, les victimes (…) et les homosexuels», ajoutait l’association, qui y voyait un ajout «aux blessures profondes» des victimes des prêtres pédophiles.
 
L’«éphébophilie» des prêtres, une parade créée par le Vatican
Quant au terme d’«éphébophilie», cité par Christian Vanneste, il émane de la défense du Vatican de son cardinal, pour justifier l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. Son porte-parole auprès des Nations-Unies, Silvano Tomasi, avait fait valoir une «étude» menée en interne sur 3.000 cas (tout de même) de prêtres pédophiles connus. Selon celle-ci, 60% des cas relèveraient en fait de cette fameuse «éphébophilie», une attraction pour des jeunes garçons, ce qui ne ferait pas d’eux des pédophiles mais des homosexuels…
 
D’où il faut conclure deux choses: d’une part, le Vatican cherche à relativiser, dans une étude dont la rigueur scientifique n’est absolument pas prouvée (il faut croire à sa parole), des cas de pédophilie, en faisant mine d’oublier que coucher avec des mineurs reste un délit, d’autant plus grave qu’il est perpétré par un prêtre, et en se défaussant une nouvelle fois sur les homosexuels. Et d’autre part, que le député Vanneste, pour défendre l’Eglise et condamner une nouvelle fois l’homosexualité, n’a d’autre source que l’Eglise elle-même. Ce qui, de la part d’un homme politique qui se veut «respectable» et calé en philosophie, est une sacré «prise de judo conceptuelle»…