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 d’ADHEOS

Cristiano Raimondi accuse un taxi marseillais et s’insurge contre la police municipale
Début octobre, l’un des responsables du musée de Monaco, Cristiano Raimondi, avait été invité à intervenir au festival "Viva Villa" à la Villa Méditerranée. Il affirme avoir subi, le soir, des insultes liées à sa supposée homosexualité
 
e suis Italien, je ne connaissais pas Marseille et… C’est la honte !" Encore bouleversé par sa mésaventure sur le Vieux-Port, Cristiano Raimondi, le fils du célèbre acteur, chanteur d’opéra et acteur Ruggero Raimondi, l’affirme sans détour, avec des mots blessés qui contrastent avec la chaleur de son accent italien : "Je ne reviendrai plus jamais dans cette ville ! J’étais ici pour parler de culture, pour être optimiste. J’ai également une fondation, je voulais amener de l’argent… Mais c’est fini", rumine-t-il, en se disant "fâché et terrorisé" par l’expérience "humiliante" qu’il a vécue ici il y a quelques semaines.
 
Pause. Retour en arrière : ce lundi de début octobre, les premiers pas à Marseille de ce quadragénaire longiligne, responsable du développement du prestigieux musée de Monaco, se déroulent sans accroc. Bien au contraire : invité à s’exprimer à la Villa Méditerranée au festival des résidences d’artistes "Viva Villa", en présence de pointures internationales de la culture, Cristiano Raimondi évoque son "plaisir" d’être intervenu à une table ronde sur le thème de l’Art contemporain.
 
Mais après un dîner sur le cour d’Estienne d’Orves en compagnie d’un artiste grec en résidence, "car il y a beaucoup des talents dans cette ville", concède-t-il, c’est la tuile mécanique. La faute à personne. Sa voiture est tombée en panne au moment de repartir vers Nice, d’où il doit prendre un vol pour Londres. "J’ai dû appeler la fourrière et j’ai donc décidé de passer la nuit à Marseille en demandant à ma compagnie d’assurance de trouver l’hôtel", raconte le commissaire d’exposition.
 
Il est alors autour des 22 heures. Le ressortissant Monégasque, barbe épaisse et allure soignée, se dirige vers la station de taxi du cours Jean Ballard. "Avant de rentrer dans une voiture, j’ai embrassé mon copain sur la joue pour lui dire au revoir et je lui ai passé mon pull car il y avait un fort mistral…", se souvient-il, cherchant dans ce geste anodin une possible explication. "J’ai dit au taxi, un homme blanc d’une soixantaine d’années, que mon assurance allait m’envoyer l’adresse de l’hôtel. C’était une question de quelques minutes. J’ai évidemment ajouté qu’il pouvait laisser tourner le compteur. Il était d’accord… Sauf qu’au bout de même pas une minute, il m’a redemandé, sèchement, où il devait me conduire. Je lui ai répété que je n’avais pas encore reçu l’adresse. Il a commencé à s’énerver…". Jusqu’à gronder un ultimatum : "Soit je donnais une adresse, soit je descendais…".
 
Surpris et épuisé, Cristiano Raimondi demande alors au taxi de le "poser à un hôtel du Port, là où il y a une insigne Blu (le Radisson, ndlr). Je savais que c’était près de l’endroit mais je ne pouvais pas marcher avec des valises aussi lourdes à cause de mes problèmes de cervicales depuis un accident de la route. J’ai répété que j’avais mal au cou, mais peut-être a-t-il compris autre chose que ‘cou’, avec mon accent ?", s’interroge-t-il.
 
"Le taxi a baissé son pantalon en me disant de prendre plutôt une photo de son sexe."
 
La suite ? Une explosion de rage : "Il a brutalement jeté mes affaires dehors. Il m’a dit que les pédés comme moi, il fallait les tuer et qu’il allait appeler de la racaille pour s’en occuper… Je n’ai rien compris. J’ai rappelé que c’était interdit de refuser une course. Et je suis sorti de la voiture pour prendre en photo sa plaque", s’essouffle-il. "Cet homme a alors baissé son pantalon en me disant de prendre plutôt une photo de son sexe, et en continuant à m’insulter sur ma supposée homosexualité, malgré l’intervention de ses collègues pour le calmer… J’ai eu vraiment peur qu’il me frappe".
 
Abasourdi et tétanisé, Cristiano Raimondi a bien cru pouvoir faire entendre son indignation en arrêtant une voiture de "police municipale" assure-t-il, qui passait justement par là. "Je me suis mis au milieu de la route et j’ai expliqué aux deux agents, une femme et un homme, ce qui venait de m’arriver en désignant mon agresseur". Leur réponse ? "Le conducteur m’a lancé : c’est ton problème, ça ne nous regarde pas ! Et il a redémarré…". Une indifférence qui fait mal : "C’est peut-être le pire, s’insurge l’Italien. De la part de la police, alors que je suis un touriste seul dans Marseille, c’est inadmissible, je n’ai jamais vu ça !".
 
Contactée, la police municipale assure n’avoir "aucune trace de cette histoire. Nous n’avons pas de signalement cette nuit-là. Il n’y a pas de fumée sans feu mais ça me surprend. Ce n’est pas le genre de la maison de laisser les gens en plan de cette manière", plaide un gradé.
 
Malgré les conseils de proches de laisser tomber, Cristiano Raimondi a décidé de ne pas en rester là, "c’est une question d’humanisme". Au lendemain de cette scène, le fils du ténor a fait entendre sa voix dans le concert des agressions sur fond d’homophobie – qui débordent largement des frontières de Marseille soit dit en passant – en déposant plainte pour "menaces de mort en raison de l’orientation sexuelle".