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 d’ADHEOS

 L’un des fondateurs de ce magazine gay marocain dément une «fausse information» des islamistes selon laquelle il ne serait plus diffusé que sur internet. Samir Bargachi confie aussi les points forts du prochain numéro.
 
Mithly est très populaire. Le premier numéro du seul magazine LGBT du monde arabe – tiré en avril à 200 exemplaires, faute d’autorisation officielle – s’est rapidement épuisé. Quant à la version web, elle comptait 500.000 visiteurs marocains au terme du mois de lancement. Accueil également chaleureux en Algérie, en Tunisie et en Egypte.
 
 
Cependant, les détracteurs donnent de la voix. Les autorités saoudiennes ont ainsi bloqué l’accès à mithly.net. Au Maroc, où l’homosexualité est passible de trois ans de prison, les islamistes stigmatisent le média créé par le groupe LGBT Kifkif. Mais l’équipe ne veut pas baisser les bras et prépare son prochain numéro (versions papier et web) pour début juin. Les précisions de Samir Bargachi, coordinateur général de Kifkif, installé en Espagne.
 
 
TÊTU: Mithly ne plaît pas beaucoup aux islamistes…
Samir Bargachi: Le journal (islamiste) Attajdid a fait circuler une information complètement fausse, disant que Mithly ne sera désormais plus qu’une version internet. En fait, Mithly aura toujours une version papier, mais pas tous les mois. Par ailleurs, à plusieurs reprises, Attajdid a parlé des membres de Kifkif de façon très négative. Et il met aussi souvent en danger la vie des membres du groupe – dont certains sont connus – en publiant leur photo, leur nom et leur prénom.
 
«Le prochain dossier sera consacré à la gay pride au Maroc, le 27 juin.»
Le deuxième numéro de Mithly, uniquement en ligne et en arabe, consacre un dossier au suicide chez les homos marocains. Qui sont ceux qui ont tenté de mettre fin à leurs jours?
Il y a notamment le témoignage d’homosexuels des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf (Sud algérien, ndlr). Ils se sont enfui parce qu’ils avaient beaucoup de difficultés pour vivre leur homosexualité mais, une fois rentrés de façon illégale au Maroc, ils rencontraient des problèmes avec des membres de leur famille, très conservatrice. Il y a aussi le témoignage de Marocains qui ont quitté leur pays après une tentative de suicide, en espérant qu’à l’étranger ça irait mieux.
 
A quoi sera consacré le prochain dossier?
A la gay pride au Maroc, le 26 juin, et à sa célébration dans le reste monde arabe. Au Maroc, il n’y a pas une gay pride dans la rue mais beaucoup d’activités alternatives et symboliques organisées par les membres de Kifkif. Pour cette édition, il y aura une pièce de théâtre privée et une cérémonie de chandelles. L’idée est que chacun se prenne en photo avec une chandelle et qu’ensuite nous mettions la photo sur notre site. Nous avons lancé ce concept il y a trois ans parce que le PJD (Parti pour la justice et le développement, islamiste) disait que les homosexuels n’existaient pas au Maroc: nous voulions lui montrer qu’il avait tort.