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 d’ADHEOS

L’organisation d’extrême droite défile ce dimanche pour Jeanne d’Arc. Mais l’heure n’est pas au triomphe. Après quelques années fastes, elle ne réussit pas à prendre la tête de l’extrême droite catholique.
Le vent tourne. Qu’elle appelle, comme elle le fait, chaque année le 8 mai depuis 2010, à manifester ce dimanche pour célébrer Jeanne d’Arc et déplorer la décadence de la France ne devrait pas changer grand-chose à l’affaire. Civitas, l’organisation d’extrême droite catholique, est en train de retourner à sa quasi-clandestinité groupusculaire. En octobre dernier, Civitas a bien tenté de mobiliser contre le synode de la famille convoqué à Rome par le pape François, l’une de ses bêtes noires. Sans guère de succès. Devant la nonciature à Paris (l’ambassade du Vatican), ses manifestations ont rassemblé à peine quelques dizaines de personnes. «Civitas ne mobilise plus que des marges, relève l’un des meilleurs observateurs de l’extrême droite catholique en France. Des gens sérieux qui représentaient quelque chose dans le microcosme tradi ont, sans claquer la porte, disparu pour laisser place à des troisièmes couteaux plus ou moins allumés.»
 
C’est le cas emblématique du très droitier maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, vice président du parti chrétien-démocrate, qui n’hésitait pas, en juillet 2014, à participer à un colloque de l’organisation. Moins connu du grand public, l’amiral François de Penfentenyo a lui laissé la présidence de l’organisation. Le leader de Civitas, Alain Escada, issu de l’extrême droite belge la plus radicale, flirte désormais plus volontiers avec les dissidents du Front national, aime se montrer avec le vieux Jean-Marie Le Pen, s’acoquine sans complexe avec les milieux soraliens. De quoi faire fuir les plus «modérés» parmi ses troupes.
 
De sérieux démêlés avec le fisc
 
Pour ses détracteurs, Alain Escada ne fait que retourner à ses vieilles amours les plus radicales. Et Civitas n’est donc plus en odeur de sainteté dans les milieux intégristes catholiques. De quoi réjouir ceux qui déploraient (plutôt silencieusement jusqu’ici) une politisation de la Fraternité Saint Pie X, l’association qui regroupe les adeptes de Mgr Lefebvre. Ces derniers se retrouvent notamment à l’église parisienne de Saint-Nicolas du Chardonnet et constituent la base militante de Civitas. Toujours en négociations avec Rome pour réintégrer le giron de l’Eglise catholique, la direction, en Suisse, de la Fraternité Saint-Pie X, a récemment fait le ménage à la tête de sa branche française, très marquée par ses liens avec l’extrême-droite. L’emblématique (mais encombrant) curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, Xavier Beauvais, a ainsi été muté à Marseille. L’abbé Régis de Cacqueray, le supérieur des prêtres lefebvristes en France, est, lui, rentré dans un couvent intégriste de capucins. L’un et l’autre étaient opposés à un accord avec Rome.
 
Comme un malheur n’arrive jamais seul, Civitas a aussi de sérieux démêlés avec le fisc. Depuis le début de l’année, l’administration fiscale lui réclame 55 000 euros, lui déniant le droit de délivrer des reçus fiscaux permettant à ses donateurs de déduire une partie de leur obole de leurs impôts. «L’objectif est de nous asphyxier financièrement, a commenté Escada dans la presse d’extrême droite. Nous faisons peur. C’est bon signe.» Pas tant que cela visiblement.