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 d’ADHEOS

Parmi les cibles évoquées, des "musulmans, juifs, noirs, homosexuels" ou le président Macron lors du défilé du 14-Juillet: un jeune ultra-nationaliste au profil solitaire et suicidaire est jugé mardi à Paris pour des velléités d’attentat en 2017, aux contours restés flous.
 
Guillaume M., 25 ans, comparaîtra dans le box du tribunal correctionnel pour le délit peu fréquent d’"entreprise terroriste individuelle". Ce jeune homme au profil à la fois désocialisé, suicidaire et mégalomane, pétri d’une idéologie d’extrême droite proche du suprémacisme blanc et fasciné par le néo-nazi norvégien Anders Behring Breivik, avait été interpellé le 28 juin 2017 dans sa rue d’Argenteuil (Val d’Oise).
 
Un internaute avec lequel il avait discuté sur le site jeuxvideo.com avait donné l’alerte via la plateforme de signalement des contenus illicites Pharos: "Je cherche une arme, semi-auto obligatoire", "je veux buter des gens", "faire le plus de dégâts possible", affirmait Guillaume M., selon une source proche du dossier.
 
Déjà connu de Pharos et de la justice, ce jeune homme sans emploi, caché derrière un pseudonyme, avait rapidement été identifié. A Argenteuil, la police avait trouvé sa maison vide.
 
Apercevant les enquêteurs en rentrant chez lui, Guillaume M. était allé au supermarché pour acheter des couteaux, puis avait menacé les policiers au volant de sa voiture: "Faites pas les fous, j’ai un couteau !"
 
Dans l’historique de son portable, des recherches sur les Pokemon ou les sites échangistes en côtoyaient d’autres sur le passage à l’acte terroriste, les déplacements d’Emmanuel Macron, l’isolement carcéral ou encore sur des adresses de permanences LREM, selon la source proche du dossier. Il s’était aussi renseigné sur la 16e chambre du tribunal correctionnel, spécialisée dans les affaires de terrorisme… qui le jugera mardi.
 
"La mort ou la célébrité"
 
Devant les enquêteurs, cet ancien membre des Jeunesses nationalistes, ligue d’extrême droite dissoute en 2013, s’était décrit comme attaché à la préservation de la race blanche et un peu "mégalo": "Les deux seraient pas mal, la mort ou la célébrité". Il avait affirmé avoir envisagé "une tuerie de masse" à la kalachnikov, contre "plusieurs personnes de chaque minorité, musulmans, juifs, noirs, homosexuels, franc-maçons".
 
Il disait aussi avoir pensé à un "attentat contre Macron" au pistolet Glock, par exemple le 14-Juillet, à l’instar de "ce qu’avait fait Maxime Brunerie".
 
Le 14 juillet 2002, ce militant d’extrême droite avait tenté d’atteindre le président Jacques Chirac avec un fusil dissimulé dans un étui à guitare; le tir avait été dévié par un spectateur. "Quitte à tomber, autant que ce soit pour tuer un politique et déstabiliser le système", affirmait en 2017 Guillaume M., qui avait tenté deux fois de se suicider par le passé.
 
Menace tangible ou élucubrations d’un esprit troublé ? "Le dossier est pourri, je n’ai pas d’arme, pas de contact, c’est seulement un fantasme", des ébauches de projets pour commettre un "suicide social", assurait-il alors, selon la source proche du dossier.
 
Les enquêteurs, qui ont au contraire pointé "la permanence d’un projet terroriste" ayant pu "évoluer dans le temps", ont retenu contre lui plusieurs éléments matériels : l’achat des couteaux, la recherche de cibles sur internet et la mise à feu d’un cocktail molotov dans une vidéo postée sur YouTube en 2015. "Le prochain sur une mosquée", prévenait-il.
 
En 2016, Guillaume M. avait été condamné à de la prison ferme pour provocation à la haine et apologie du terrorisme, après avoir vanté les actes du Norvégien Breivik (77 morts en juillet 2011).
 
Plusieurs projets d’actions violentes de l’ultradroite ont été déjoués ces dernières années. Un groupuscule qui projetait des attaques contre des musulmans de France, Actions des forces opérationnelles (AFO), a par exemple été démantelé en 2018.