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 d’ADHEOS

Les ex-adeptes du médecin catholique ont témoigné ce mardi contre leur ancien « gourou » lors du procès en correctionnelle. Le procureur a requis deux ans de prison à son encontre «éventuellement » assortis du sursis.
 
« J’ai d’abord arrêté de travailler pour me consacrer à la communauté. Puis peu à peu j’ai dû m’habiller différemment : je n’ai plus mis de jupes. Et quand j’ai commencé à émettre des doutes sur le fonctionnement du groupe, ils m’ont dit que j’étais tentée par le diable. Il ne fallait plus que je parle à un homme sans la présence d’une autre personne, il fallait que j’arrête la contraception… » Louise*, la voix chevrotante, est la première, ce mardi, à s’exprimer à la barre du tribunal correctionnel.
 
Elle se tient debout, quelques pas derrière le prévenu Alberto Maalouf à qui le président demande de ne pas se retourner, pour ne pas croiser le regard des plaignants. Ce médecin urgentiste de 31 ans répond d’abus frauduleux de faiblesse par dirigeant d’un groupement exploitant la sujétion psychologique. Autrement dit, de dérives sectaires en sa qualité de président de l’association Notre-Dame Mère de la lumière.
 
Il dirige ce mouvement qui compte près de 400 adeptes dont la justice considère qu’il est le « leader », même s’il était entouré de six autres « consacrés », qui ont notamment fait vœu de chasteté : « Je suis le président de l’association. Mais en aucun cas un gourou, développe-t-il. Notre passion, c’est le Christ et nous essayons de le vivre dans la vérité. Jamais je ne voudrais malmener la vie de qui que ce soit. Au contraire… Je ne suis pas un directeur de conscience. Je suis médecin. Et je crois à la science. »
 
Danses prophétiques et prières de guérison
 
Un argument qui fait bondir Catherine*, la maman de Julie, une jeune autiste. Entre douleur et colère, elle explique à la barre : « Ma fille, qui était si gaie et si affectueuse avec nous, a changé de tout au tout à partir du moment où ils sont venus la chercher. Soudain, nous n’étions plus assez croyants pour elle. Nous ne la reconnaissons plus. »
 
Thierry* lui succède à la barre, les larmes aux yeux, la voix lui aussi tremblante, il ne cache pas sa colère : « Mes parents ont adhéré, mon frère et mes sœurs y sont, raconte-t-il. Et quand j’ai voulu m’éloigner de leurs pratiques, ça m’a coûté ma famille. »
 
Les témoignages se poursuivent dans la même veine, certains évoquant des danses prophétiques, des états seconds et même des prières de guérison. Les plaignants, une vingtaine, parlent presque tous d’humiliation ou de manipulation. A tel point qu’une partie de l’église catholique avait fini par prendre ses distances avec cette association, à commencer par l’évêque de Bayeux-Lisieux qui a retiré les signes de confiance qu’il lui avait d’abord accordés.
 
Autour du prévenu, nombre de membres de l’association d’Alberto Maalouf sont unanimement solidaires du médecin : « Nous n’avons jamais été manipulés, et je crois pouvoir dire que personne ne l’a été. Certains ont du mal à prendre le recul nécessaire sur leurs propres fragilités », assure l’une des proches du prévenu. Lui, engoncé dans une chemise blanche de laquelle dépasse une médaille dorée, reste très calme : « Il n’y a rien dans les faits reprochés sinon des rumeurs », balaie-t-il. Le procureur a requis à son encontre deux ans de prison «éventuellement avec sursis » et 15 000 euros d’amende, ainsi qu’une interdiction d’entrer en contact avec les victimes.
 
*Les prénoms ont été changés