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 d’ADHEOS

Le débuté centriste fait le point sur le débat sur la mariage à l’Assemblée nationale et sur les «cafouillages» du gouvernement.
 
Le débat sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe est le premier grand sujet de société qui agite les rangs de l’UDI. L’Union des démocrates et indépendants, nouveau parti de Jean-Louis Borloo qui vise à être la première force au centre de l’échiquier politique.
 
Et sur ce sujet, malgré ce que l’on pouvait espérer quand le parti s’est créé en septembre dernier (lire article), l’UDI est plutôt aligné à droite. La majorité de ses 29 députés s’apprêtent à voter contre le projet de loi, en dépit du positionnement favorable de son chef Jean-Louis Borloo et de quelques-unes de ses têtes d’affiches (Rama Yade, la sénatrice Chantal Jouanno). Le délégué général de l’UDI,membre du Parti radical valoisien et député-Maire de Montereau-fault-Yonne (Seine-et-Marne) fait le point avec TÊTU sur ce débat.
 
TÊTU: En Grande-Bretagne, le premier ministre conservateur David Cameron vient de faire voter une loi pour ouvrir le mariage aux couples de même sexe. Comment expliquez-vous qu’en France, la droite s’entête contre l’égalité des droits? Avons-nous la droite «la plus bête du monde»?
Yves Jégo: C’est vrai que l’exemple britannique ou espagnol devrait pourtant nous éclairer. En fait, je crois que ceux qui s’opposent à ce texte expriment au-delà du sujet du mariage une angoisse qu’il faut entendre. Le monde change vite et la France a d’une manière générale du mal à s’adapter aux évolutions. C’est vrai en matière économique, c’est vrai aussi en matière sociétale. Ce qui est savoureux, c’est que ce sont les plus farouches opposants au pacs hier qui s’en font les plus grands zélateurs aujourd’hui. Tout espoir n’est donc pas perdu pour la suite…
 
Comment appréciez-vous le niveau des débats qui ont lieu actuellement à l’Assemblée Nationale? De l’extérieur, l’hémicycle ressemble parfois à une cour de récréation…
Je suis régulièrement atterré tant par la forme que par le fond de ce débat qui tourne trop souvent à la foire d’empoigne. Le Parlement ne se montre pas à cette occasion sous son meilleur visage.
 
Jouant le jeu de l’obstruction, vos collègues députés de l’UMP n’ont pas hésité à faire des rapprochements avec l’inceste, la polygamie, à prédire un effondrement de la société… Ce débat n’a-t-il pas libéré la parole homophobe? Dans votre intervention à la tribune de l’hémicycle, vous avez d’ailleurs dit «n’oublions jamais que l’homophobie tue».
Il existe une homophobie latente dans notre pays qu’il ne faut pas nier. En m’exprimant à la tribune j’ai appelé effectivement chacun à mesurer ses paroles. Un mot, une phrase peut avoir des conséquences terribles en libérant la marée noire de l’homophobie ancestrale, si je reprends le terme de Bernard-Henri Lévy.
 
Ce débat est en fait arrivé trop brutalement dans l’hémicycle. Le gouvernement a manifestement sous-estimé la réalité. La loi aurait dû être précédée d’une sensibilisation plus forte des parlementaires et du pays.
 
Vous soutenez le projet de loi proposé par le gouvernement. Depuis quand êtes-vous favorable à l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe?
Depuis très longtemps je mûris ma réflexion sur cette question qui doit faire progresser l’égalité et la fraternité. J’ai d’ailleurs déjà fait partie de ceux qui ont voté la loi proposé par le PS dans le cadre d’une niche parlementaire il y a plusieurs mois.
 
Vous avez regretté les cafouillages du gouvernement au sujet de la PMA, vous avez évoqué «la question délicate de la PMA», mais quelle est votre position?
Le gouvernement est responsable, par ses couacs et ses positions divergentes et à géométrie variables, d’avoir fait naître la confusion dans beaucoup d’esprits, qui amalgament désormais à tort le mariage et les questions bio éthiques. Je suis favorable au mariage et à l’adoption, mais très réservé sur la PMA.
 
Pour moi en effet, un enfant doit pouvoir connaitre s’il le désire ses origines génétiques. C’est d’ailleurs une interrogation qui dépasse la question du mariage pour les personnes de même sexe. Il faut pour le coup que toute évolution législative sur ces questions très délicates soit précédée d’un grand débat national approfondi sérieux et dépolitisé.
 
Vous êtes vice-président de l’UDI, parti créé par Jean-Louis Borloo. Ce dernier s’est aussi prononcé en 2011 pour l’ouverture du mariage et de l’adoption, mais nous ne l’avons pas beaucoup entendu lors des derniers débats. Ce relatif silence s’explique-t-il par la fracture importante entre les pro-loi et les antis à l’UDI sur le sujet?
Il n’a pas changé d’avis et il votera le texte. Mais en tant que président de groupe, il garantit par sa neutralité médiatique la liberté de vote de chacun dans un groupe où les «contre» sont très majoritaires. C’est l’honneur de l’UDI d’essayer de faire vivre cette espace de liberté où chacun s’efforce d’écouter les arguments de l’autre.