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 d’ADHEOS

Xavier Dolan ne veut pas de la Queer Palm et il le fait savoir. Le prix, remis par la communauté LGBT pendant le Festival de Cannes, lui a pourtant été décerné en 2012 pour "Laurence Anyways". Le jeune réalisateur canadien estime que ces récompenses sont "ghettoïsantes" et "ostracisantes". Pour Giuseppe Di Bella, Xavier Dolan se plante. Explications.
 
Le jeune réalisateur québecois Xavier Dolan, ouvertement gay, est actuellement au cœur d’une polémique. En cause, les propos qu’il a tenus sur la Queer Palm – attribuée par la communauté LGBT – décernée chaque année depuis 2010, au cours du Festival de Cannes.  
 
Des récompenses "ghettoïsantes"  
 
En 2012, son film "Laurence Anyways" avait été récompensé par ce prix. Il a refusé de l’accepter. Ils’explique :  
 
"Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y a-t-il à décerner des récompenses aussi ghettoïsantes, aussi ostracisantes, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? […] On divise avec ces catégories. On fragmente le monde en petites communautés étanches. La Queer Palm, je ne suis pas allé la chercher. Ils veulent toujours me la remettre. Jamais ! L’homosexualité, il peut y en avoir dans mes films comme il peut ne pas y en avoir."
 
Xavier Dolan exprime là un point de vue personnel. C’est son droit. À ce titre, il mérite d’être respecté. Mais les propos qu’il tient sont excessifs et caricaturaux. Les prix qui sont remis à des films qui abordent le sujet de l’homosexualité, de la transsexualité ou encore de la bisexualité, ne sont pas "ghettoïsants" ou "ostracisants".  
 
Gallienne et Kechiche sont passés par là  
 
Ils permettent, au contraire, d’offrir une plus grande visibilité de la communauté LGBT au cinéma. Ce ne sont pas des films réalisés par des gays pour un public gay. Le penser serait assez réducteur et éloigné de la réalité.  
 
Plusieurs films qui sont entrés dans la sélection officielle de la Queer Palm n’ont pas été réalisés par des homosexuels : "La vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche ou "Les Garçons et Guillaume, à table !" de Guillaume Gallienne, par exemple. Il ne s’agit donc pas de coller une étiquette à un réalisateur. Abdellatif Kechiche ou Guillaume Gallienne auraient-ils refusé de recevoir la Queer Palm, s’ils l’avaient reçue ? On peut en douter sérieusement.  
 
L’exemple de "Pride"  
 
Le film "Pride", réalisé par le Britannique Matthew Warchus, a remporté la Queer Palm cette année. Il est dans les salles, en France, depuis le 17 septembre. Il raconte l’histoire authentique d’un groupe de militants gays qui décide de venir en aide financièrement aux mineurs en grève au Pays de Galles, en 1984, alors que Margaret Thatcher est au pouvoir.  
 
C’est un véritable petit bijou. Ce n’est pas un film pour les gays. Il casse les préjugés et montre clairement que la communauté homosexuelle n’est pas refermée sur elle-même. Ce n’est pas un ghetto. Elle fait partie de la société.
 
Les prix qui sont remis à des films qui abordent le sujet de l’homosexualité ont été créés, pour la plupart, assez récemment. Jusqu’à présent, aucun réalisateur qui a été distingué par l’un d’entre eux n’a refusé de l’accepter. Xavier Dolan fait figure d’exception. C’est bien dommage. 
 
Il est l’un des cinéastes les plus prometteurs de sa génération. De plus, il n’a jamais caché son homosexualité. Il a fait son coming out à 16 ans. Personne ne lui demande d’être un porte-parole de la communauté homosexuelle. Elle n’en a d’ailleurs pas besoin. Il semble ne pas le comprendre et c’est regrettable.